L’arabica brésilien, un arôme de durabilité

22 juin 2017 - La rédaction 
De Paris à New York, les consommateurs ne recherchent plus seulement un café savoureux. À la qualité s’ajoutent la traçabilité, le respect de l’environnement et l’éthique comme des critères d’achat. Au Brésil, premier producteur mondial, les acteurs locaux comme la coopérative Cooxupé s’adaptent à cette évolution de la demande.

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Les plantations de café situées à flanc de colline dans l’État du Minas Gerais produisent environ 1,6 tonne de café vert par hectare.

Au mois de mai, dans l’État du Minas Gerais, au nord de Sao Paulo, les baies de café commencent à se doter d’une couleur bordeaux, signe d’une maturité imminente. Ici, où les parcelles se situent aux alentours de 1 000 m d’altitude, la récolte débute habituellement mi-juin. Afin de répondre aux attentes de leurs clients internationaux la coopérative brésilienne Cooxupé, qui produit et exporte du café Arabica, s’est engagée dans plusieurs démarches de certification.

Indicateur de durabilité

Elles garantissent la traçabilité des produits, le maintien de revenu décent pour l’agriculteur, et la mise en place de pratiques préservant l’environnement. Dans le Cerrado, où Cooxupé concentre près d’un tiers de sa production, tous les adhérents suivent le programme Starbucks C.A.F.E. (Coffee and Farmer Equity) Practices. Cette démarche de certification élaborée par le groupe américain, vise la protection des ressources en eau et du sol, la conservation de la biodiversité et la gestion de l’environnement. Elle compte une grille de 89 indicateurs environnementaux. Les agriculteurs peuvent bénéficier de la certification s’ils remplissent au moins 60 % des critères et sont réévalués chaque année. Cette certification interdit par exemple formellement depuis 2004 la transformation de forêt naturelle en zone de production. 1 200 agriculteurs de Cooxupé participent aussi au programme « Nespresso AAA » du groupe Nestlé. Et en plus, 120 producteurs de café ont adopté les pratiques de la certification « Rainforest Alliance », facilement reconnaissable avec son logo comportant une grenouille verte.

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Le maïs est cultivé entre deux rangs de caféiers pour protéger les jeunes plants. Certains remplacent le maïs par des légumineuses, qui fournissent de l’azote aux jeunes plants de café très gourmands en nutriments les premiers mois de croissance.

Au total, près de 10 000 ha sont couverts par une ou plusieurs de ces démarches, soit environ 280 000 sacs de 60 kg. Une fois les grains livrés à la coopérative, celle-ci s’attache à garantir la traçabilité des lots. Chaque sac de café est identifié à l’aide d’un code. En cas de soucis lors des contrôles qualité, les équipes de la coopérative remontent facilement au lot défectueux. La marchandise est ensuite vendue aux torréfacteurs et entreprises à travers le monde. « Dans n’importe quelle dosette Nespresso de café Arabica, vous trouverez entre 30 % et 70 % de café provenant des exploitations de nos adhérents du Cerrado » , se félicite Paulo Gustavo Finocchio Martins, trader de café pour Cooxupé. Grâce à ce dispositif de traçabilité, des entreprises comme Starbucks ont créé des éditions limitées où apparaissaient les noms des producteurs à l’origine du café. Afin d’obtenir un produit final qui répond aux attentes des clients, la coopérative a renforcé son appui agronomique auprès de ses adhérents.

Conseil technique

« Avant de rejoindre notre structure, les agriculteurs produisaient souvent du café qui ne satisfaisait pas les exigences de l’export » , explique Paulo Gustavo Finocchio Martins. Cooxupé a considérablement développé les analyses de sol dans le but d’optimiser les apports d’intrants. En 2016, elle a réalisé 40 000 prélèvements, soit 20 % de plus qu’en 2015. Certaines pratiques agronomiques plus traditionnelles s’intègrent aussi parfaitement dans les demandes environnementales des certifications. Après l’extraction des grains de cafés, les agriculteurs récupèrent la chaire et l’enveloppe des fruits ainsi que les déchets verts de la récolte pour les transformer en compost, réduisant leur recours aux engrais minéraux. Lorsqu’ils plantent une nouvelle parcelle de café, les producteurs choisissent régulièrement d’y associer des plants de maïs. Ces céréales dépassent très rapidement les jeunes caféiers et jouent le rôle de paravent. « En protégeant les caféiers du vent, le maïs évite la formation de coupures sur les jeunes plants de café, et donc la création de zones vulnérables, limitant ainsi les risques de maladies ».

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Crésio Antônio de Oliveira, agriculteur.

Analyse de cycle de vie

La coopérative ne demande pas seulement à ses adhérents des efforts en matière d’environnement, puisqu’elle-même a évalué l’impact de sa chaîne industrielle avec l’outil d’analyse de cycle de vie AgBalance, développé par BASF. Il comporte 69 indicateurs relatifs aux intrants, à la production agricole, aux ventes, aux consommateurs, à la distribution et aux processus de transformation. À l’aide de ce diagnostic, elle a économisé depuis 2008, l’équivalent en émissions de CO2 de 4 000 camions roulant de son site de production de Japi au port de Santos où elle exporte sa production, soit une distance totale de 3,2 millions de kilomètres.

Repères : La coopérative Cooxupé

  • Première coopérative exportatrice de café au monde
  • 13 000 adhérents
  • 6,2 millions de sacs de café de 60 kg produits
  • 10 000 ha sous certification

Témoignage d’agriculteur : Crésio Antônio de Oliveira / 20 ha

« Depuis quelques années, le climat se montre de plus en plus variable, avec notamment des pluies plus rares. Je ne peux pas irriguer mes parcelles, les précipitations constituent donc le principal frein pour maintenir les rendements. Le climat tropical favorise aussi le développement de maladies. »


Utiliser des coproduits plutôt que du fuel

Le frottement des grains de café verts sur les outils industriels durant le nettoyage, le tri et la mise en sac génèrent de la poussière. Au lieu de la perdre, la coopérative la récupère et la transforme en combustible. Cette biomasse alimente l’unité de torréfaction de son site de Japi, construite il y a deux ans. Chaque mois, les 60 tonnes de poudre de grain, couplées à des pellets de bois, contribuent à alimenter l’usine qui torréfie 26 000 sacs de 60 kg de café, destinés au marché interne. Des panneaux solaires équipent aussi l’ensemble des bâtiments administratifs pour leur consommation quotidienne d’électricité, rendant cette unité indépendante sur le plan énergétique.

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