Peut-on réduire notre consommation de viande sans réduire notre consommation de lait ? Non, car…

23 septembre 2021 - Laure Hänggi 

Actuellement, la consommation de viande française diminue plus rapidement que celle de lait. Dans le cadre de son scénario prospectif Afterres2050, Solagro s’est demandé si le maintien de cette tendance était souhaitable, pour répondre aux enjeux actuels de l’agriculture.

En 2017, le WWF préconisait aux français de diminuer de 31 % leur consommation de viande dans le but de réduire leur impact carbone. En avril 2021, dans le cadre du scénario prospectif Afterres2050, Solagro s’est demandé si une telle diminution était souhaitable, en absence d’une diminution conjointe de la consommation de lait. La réponse est claire : au moins pour les élevages bovins, de telles évolutions peuvent « induire des déséquilibres importants au niveau de la production ou au niveau des échanges extérieurs. »

Réduire les élevages de viande bovine, mais pas que

Premièrement, Solagro rappelle que, d’après les chiffres clés du GEB bovins 2019, près d’un tiers de la production française de viande bovine provient des élevages laitiers. Par ailleurs, la France exporte plus d’un quart de sa production de lait et de produits laitiers. C’est pourquoi, une diminution de la consommation de viande bovine sans diminution de la consommation de lait de vache nécessiterait, pour Solagro, une combinaison des trois options suivantes : réduire les élevages de bovins viande, réduire les exportations de lait, et augmenter la productivité en lait par vache laitière, cette dernière option permettant de produire davantage de lait avec moins d’animaux, à l’échelle d’une exploitation.

Des effets allant à l’encontre des objectifs actuels

Cependant, les conséquences de ces trois leviers pourraient aller à l’encontre des objectifs actuels. En effet, d’un côté, les élevages bovins viande sont les élevages français de bovins les plus extensifs. De l’autre, afin d’augmenter la productivité en lait par vache laitière, une intensification de la production laitière serait nécessaire.

En combinant ces deux aspects, une diminution de la consommation de viande bovine sans réduire la consommation de lait de vache déboucherait sur l’intensification des élevages intensifs, tout en réduisant le nombre d’élevage extensifs, ces derniers étant notamment caractérisés par les nombreux services écosystémiques qu’il rendent. Les élevages intensifs étant basés sur la consommation de davantage de concentrés et moins de fourrages, Solagro juge leur augmentation « contraire à l’objectif recherché d’augmenter le temps de pâture et la valorisation des prairies naturelles ».

Une inversion des équilibres antérieurs sur le marché

Du côté du marché, un tel changement de consommation semble également peu souhaitable. Une étude de Solagro pour le WWF en 2019, avait montré qu’une forte diminution de la consommation de viande bovine couplée à une faible diminution de la consommation de lait de vache devrait amener les exportations de lait à un solde nul, tandis que les exportations de viande bovine devraient augmenter. Cette inversion des tendances représenterait, pour Solagro, « une inversion des équilibres antérieurs et donc un pari sur la capacité de l’appareil de production et des marchés à s’adapter à cette nouvelle donne ».

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