Dephy, une contraction entre « défi » et « phytosanitaire ». C’est le nom de l’un des dispositifs mis en place dans le cadre du plan Écophyto, lancé suite au Grenelle de l’environnement de 2007 pour réduire les usages des pesticides en agriculture. Progressivement, chaque région a mis en place des réseaux de fermes pour expérimenter des pratiques alternatives et novatrices afin de sortir moins souvent le pulvérisateur.
Des enjeux financiers concrets
Une initiative « sans filet », dans le sens où les exploitations sont soumises à la réalité économique du secteur. « Il ne s’agit pas d’une démarche expérimentale uniquement scientifique, on n’a pas le droit à l’erreur, sous peine d’amputer notre revenu », indique un producteur de colza d’un réseau de Lorraine. La prise de risque doit donc être dosée, mais l’organisation en réseau facilite le partage d’expérience et d’idées, ainsi que le déploiement de pratiques prometteuses.
L’organisation par région permet une prise en compte très locale des conditions de cultures (climat, types de sol, présence des ravageurs, mauvaises herbes ou maladies…). Et confère aux protocoles couronnés de réussite un minimum de reproductibilité au sein du même territoire.
Près de 3000 fermes
Et ça marche. En octobre 2017, Émeric Pillet, chef de projet Dephy au ministère de l’Agriculture, annonçait, « suivant les situations, les filières et les contextes climatiques, de 10 à 20 % de réduction d’usages des pesticides » sur l’ensemble du dispositif (voir encadré). Et cela, sans diminution de la productivité ni de la marge. Si le plan Écophyto, dans sa première mouture, a présenté des résultats contrastés, les réseaux Dephy ont été identifiés comme l’un de ses succès incontestables, au point d’être un maillon central de la version 2 du plan Écophyto, présentée en novembre 2015. Entre 2015 et 2017, le nombre de fermes investies est passé de 1900 à près de 3000, dans 240 réseaux. À termes, le ministère de l’Agriculture espère multiplier ces chiffres par dix.
Diffuser les résultats positifs
Tout en continuant à progresser, l’un des grands objectifs de Dephy est la communication auprès du plus grand nombre. Environ mille évènements sont organisés chaque année pour présenter les résultats au maximum d’agriculteurs. Et, autant que possible, les inciter à prendre part à la démarche. L’enseignement agricole s’empare également des résultats de Dephy pour former les exploitants de demain.
Les réductions d'usages de phyto par filière
Le ministère publie des chiffres par grandes filières. Les réductions d'usages de pesticides relevées dans les réseaux Dephy depuis le lancement du dispositif sont de : - 11 % en grandes cultures et polyculture-élevage, - 8 % en arboriculture, - 25 % en cultures légumières, - 33 % en horticulture, - 12 % en viticulture, - 28 % à 75 % en cultures tropicales.