70 % des agriculteurs sont préoccupés par l’environnement

Que disent les agriculteurs sur l’environnement ? Selon une enquête de TLB (1)  réalisée auprès de 8000 exploitants,  70 % d’entre eux déclarent s’en préoccuper dans leurs pratiques agricoles et faire de réels efforts. Toutefois 64 % avouent que cette problématique n’a pas toujours été une priorité pour eux. “Ce qui compte, explique Didier Rayon, c’est la dynamique dans laquelle ils sont engagés, qui apparaît plus profonde et réaliste qu’opportuniste.” D’ailleurs, 32,9 % revendiquent pratiquer l’agriculture raisonnée alors qu’ils sont seulement 1300 qualifiés en France.

Attachés à leurs terres, ils sont très fiers de s’investir dans ces enjeux environnementaux. Ils ont toutefois du mal à décrypter ou à accepter positivement les règlements, lesquels cadrent parfois mal avec les contraintes des parcelles. “Ils voudraient que ceux qui conçoivent les règlements viennent plus à leur rencontre sur le terrain.”

13 % sont demandeurs d’informations ou de conseils pour les aider sur les thématiques environnementales. “Un vrai métier est à développer, relève Didier Rayon. Ils attendent un conseil neutre, alternatif à celui de leur circuit d’approvisionnement.” Et sur le cas concret des pesticides, ils demandent aux autorités compétentes de prendre leurs responsabilités : si le produit n’est pas bon pour l’environnement et la santé, il ne doit pas être autorisé. Ils se placent en utilisateurs et ne veulent pas porter la responsabilité des pollutions. D’autant qu’ils ont le sentiment qu’on cherche plutôt à les décourager  et qu’ils n’ont pas vraiment le choix : “Un quart d’entre eux se plaignent que les produits les moins polluants soient les plus chers, et qu’ils n’aient pas les moyens de les acheter” . Ceux qui aujourd’hui polluent le savent en leur âme et conscience.

47 % estiment pratiquer une agriculture traditionnelle. Bien évidemment il serait intéressant de savoir ce qu’ils mettent derrière ces qualificatifs. Autre point : “Il faut éviter les généralisations hâtives. Parmi les agriculteurs engagés dans le biologique, une petite minorité semble avoir choisi cette voie d’abord pour des raisons économiques, optant pour une niche qualitative. Il peut ainsi arriver que parmi les agriculteurs déclarant faire du « traditionnel », certains mettent plus en avant leur souci d’environnement que certains autres pourtant engagés dans le bio”. 22 % des agriculteurs ont pensé faire du bio mais y ont renoncé en raison du manque de débouchés mais aussi de la difficulté des modes de conduite. Parmi les bios, une immense majorité annonce toutefois faire des sacrifices financiers au nom de l’environnement.

Critères non surprenants, pour tous : avoir fait des études, avoir des enfants, un conjoint qui travaille en dehors de l’exploitation augmente la sensibilité à l’environnement. Cette dernière favorise d’ailleurs l’intégration sociétale des agriculteurs qui semblent mieux vivre leur profession, malgré un temps de travail supérieur. Enfin 4,5 % n’ont jamais entendu parler d’un Contrat d’agriculture durable, et 1/5 y réfléchirait. Un sur deux ne serait donc pas intéressé et encore un sur trois parmi ceux qui pourtant apparaissent attachés au respect de l’environnement !

(1) TLB est un institut de sondage qui a conduit une vaste enquête auprès des agriculteurs en leur donnant la parole, voir aussi l’angle sociologique et communication développé dans la rubrique Evènement du site