Gestion sylvicole et biodiversité des chênaies

20 février 2006 - La rédaction 
A Nogent-sur-Vernisson (45), une équipe de scientifiques étudie l’impact des modes de gestion forestière sur la biodiversité des forêts de plaine. Des recherches sur le long terme qui intéressent les gestionnaires soucieux de gérer de façon durable les forêts.

La France est le second producteur de bois de chêne dans le monde. Afin d’améliorer la qualité de la production, les sylviculteurs modifient depuis plus d’un siècle les modes de traitement sylvicole, notamment en convertissant les anciens taillis sous futaie en futaie régulière. Le but est de produire en près de 200 ans, sur une même parcelle, de grands arbres du même âge, avec des troncs hauts, droits et de large diamètre, dont la croissance aura été régulière et assez lente. Contrairement au cycle de taillis sous futaie, le cycle de futaie régulière implique une disparition de tous les grands arbres de la parcelle lors de l’exploitation du peuplement forestier mature et de sa régénération. Or, cette phase est souvent considérée comme une perturbation pour la biodiversité forestière. src=
Les gestionnaires forestiers interrogent les scientifiques sur les conséquences de ce nouveau mode de gestion qui devrait s’étendre, d’ici à la fin de notre siècle, à la majorité des grandes chênaies publiques françaises à vocation de production. Est-il compatible avec le concept de gestion durable des forêts défini lors de la conférence d’Helsinki en 1993 ? Ne menace-t-il pas à plus ou moins long terme la biodiversité forestière ?

La biodiversité forestière représentée par la flore et les coléoptères

Deux études récentes du Cemagref ont permis d’appréhender l’impact de cette conversion sur la biodiversité floristique et entomologique en forêt domaniale de Montargis (45). La diversité des végétaux supérieurs ainsi que celle d’une famille d’insectes, les Coléoptères carabiques, ont été comparées entre des peuplements forestiers issus de taillis sous futaie et des futaies régulières d’âges variés (20 à 100 ans), allant jusqu’à la moitié du cycle sylvicole recommandé.
Les résultats globaux montrent que le traitement en futaie régulière ne semble pas menacer le maintien, au terme de 100 ans, de la biodiversité des groupes étudiés, par comparaison aux témoins d’anciens taillis sous futaie. Toutefois, flore et carabiques réagissent différemment aux étapes de conversion. Alors que la coupe de régénération pénalise, à court terme, certaines espèces de carabiques associées aux stades plus matures de la forêt, elle a un effet plutôt positif sur la diversité floristique.

Des recherches sur le long terme

Toutefois, on ignore quels seront les effets de la conversion de la chênaie à plus long terme, au-delà de 100 ans et après plusieurs cycles de futaie régulière. Ainsi, dans un domaine aussi complexe que celui des écosystèmes forestiers, il convient d’élargir ce type de travaux à d’autres forêts, notamment à des futaies régulières plus âgées, et de s’intéresser à d’autres groupes du vivant, comme les papillons nocturnes et les insectes du bois mort que l’équipe vient d’aborder.

Pour en savoir plus : www.cemagref.fr/

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