Alternative aux pesticides – D’autres techniques de désherbage

14 février 2006 - La rédaction 
Le désherbage chimique des cultures d’oléagineux représente, en terme de coût, le premier poste phytosanitaire sans pour autant conduire systématiquement à la réussite. Répété au cours des différentes campagnes, il sélectionne des flores de plus en plus délicates à contrôler. De plus, des applications mal maîtrisées peuvent polluer les eaux. Les nouveaux produits sont relativement peu nombreux et la réglementation européenne prévoit la réévaluation des substances, dont certaines pourront être interdites. L’environnement et les problèmes de santé publique font partie des préoccupations majeures de la société. Tout ce qui peut contribuer à limiter l’usage des pesticides permet de se rapprocher des attentes des consommateurs. Face à ces arguments, le désherbage mécanique et les techniques agronomiques présentent une alternative crédible au tout chimique.

Cas particulier : le désherbage en culture biologique

La lutte contre les adventices, l’une des difficultés majeures des cultures biologiques, met en œuvre différentes techniques et nécessite savoir-faire et anticipation. Pour être efficace, elle associe plusieurs techniques : agronomiques, mécaniques et d’autres voies, comme le désherbage thermique.

Des solutions préventives avant le semis :

      • Profiter de la diversité de la rotation
      • Une rotation diversifiée permet de limiter les problèmes de désherbage en alternant les grandes familles de plantes cultivées (céréales, à paille, têtes de rotation), les cycles végétatifs et les familles chimiques herbicides. On peut ainsi contrôler le chardon dans les céréales ou durant l’interculture pour limiter le problème dans le tournesol ou le soja. Inversement, on peut intervenir dans les oléagineux pour combattre les graminées difficiles à détruire dans les céréales.

Le travail du sol efficace à long terme

Une façon de limiter le stock de graines consiste à réaliser un déchaumage après la récolte pour favoriser la levée d’adventices. Les plantes sont ensuite détruites par un travail plus tardif (labour ou autres). Cette solution n’est pas toujours applicable. Elle est notamment déconseillée pour le chardon car le déchaumage segmente les rhizomes et amplifie le problème. Par ailleurs, la durée relativement courte de l’interculture entre les céréales et le colza ne permet pas toujours d’obtenir une efficacité satisfaisante.

Reverdissement des labours pour les cultures de printemps

Après un labour à l’automne, le sol peut reverdir durant l’hiver. Sur ces parcelles, l’application d’un herbicide ou un travail du sol permet de détruire de nombreuses adventices. Ce type de lutte est bien adapté aux intercultures longues des cultures de printemps.

Le faux-semis

Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences très tôt avant le semis pour favoriser la levée des adventices. Il est très efficace pour limiter les infestations précoces dans les cultures à condition d’être réalisé assez tôt avant le semis, pour favoriser le maximum de levée d’adventices, et de ne pas travailler le sol ensuite – ou superficiellement – pour ne pas « remonter des graines en surface ». Pour détruire les adventices levées, il est préférable d’utiliser un herbicide total au semis.

Détruire mécaniquement après le semis : le binage, un complément efficace

Le binage complète efficacement l’action des désherbants chimiques. C’est particulièrement vrai en présence d’adventices difficiles ou qui n’ont pas été contrôlées par les programmes mis en œuvre (spectre d’efficacité insuffisant, conditions sèches après l’application). L’efficacité du binage est conditionnée par l’état du sol, qui doit être sec lors du passage de la bineuse, et par le stade des adventices, qui doivent être jeunes. Le stade de passage optimum de la bineuse pour combiner faisabilité et efficacité va de 4 feuilles à début montaison.

Le désherbinage, pour réduire les quantités d’herbicides à l’hectare

Le désherbinage consiste à désherber chimiquement sur le rang au moment du semis, puis à biner après la levée. Cette technique est possible sur toutes les parcelles cultivées avec un inter-rang large (idéal à partir de 45 cm). Plus l’écartement est important, plus la quantité d’herbicides est réduite. Le désherbinage se révèle assez efficace, à condition de biner tôt et dans de bonnes conditions, c’est-à-dire sur un sol suffisamment sec et sur des adventices jeunes. Une infestation importante peut nécessiter 2 passages de bineuse. Les performances du binage sont très variables, de 50 à 100 % sur dicotylédones. L’efficacité est comparable sur graminées mais les résultats sont plus aléatoires et, au-delà de 3 feuilles, leur destruction est plus difficile. Si l’efficacité du binage en pourcentage de destruction, est parfois jugée moyenne, il ne faut pas oublier que les adventices restantes sont affaiblies, ce qui handicape leur développement ultérieur. L’intérêt du désherbinage réside aussi dans la possibilité de raisonner en post-levée. Il est possible de ne pas intervenir mécaniquement si l’état de salissement de la parcelle ne le justifie pas. Equiper le semoir d’un kit de pulvérisation pour le désherbinage.

La herse-étrille

La herse-étrille présente plusieurs avantages : un débit de chantier important grâce à une largeur de travail conséquente (jusqu’à 12 m de large) et à une vitesse de passage élevée (15 km/h). Elle ne nécessite pas un matériel de semis spécifique et l’investissement est assez limité (environ 7600 € en 12 m).

Toutefois, elle dépend de plusieurs paramètres :
– le sol doit être suffisamment sec en surface pour que les adventices dessèchent rapidement après le passage de l’outil ;
– en limon battant, cet outil est délicat à utiliser même en conditions sèches car son agressivité ne suffit pas pour briser la croûte de battance ;
– la meilleure efficacité est obtenue sur des adventices très jeunes, voire en cours de germination.

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