Marioin Guillou, Inra – “La production intégrée est une voie d’avenir”

7 avril 2006 - La rédaction 
Le moteur de l’Inra, c’est la création. Ses projets de recherche se focalisent sur les engagements et le rôle de l’agriculture dans le développement durable.

Référence environnement : Comment définissez-vous la mission de l’Inra pour la période 2006-2009 et quels sont vos principaux axes de recherche ?

Marion Guillou : Notre obsession est d’identifier et de faire vivre les enjeux de la recherche agronomique. L’innovation a donc toujours du sens en agriculture. Et permet de développer de nombreux partenariats au niveau international. Nous sommes très loin d’avoir exploité toutes les voies de progrès. La science est un pari, elle doit être aventureuse. Elle se raisonne désormais à l’échelon international. Une dimension d’autant plus importante qu’on assiste aujourd’hui à un déplacement rapide, non seulement des maladies, mais aussi des espèces, qu’elles soient nuisibles – par exemple la chrysomèle du maïs – ou non. La planète peut désormais être considérée comme une unité biologique de fait, ce qui entraîne nécessairement une vraie solidarité en termes de recherche.

Marion Guillou, présidente-directrice générale de l’Institut national de la recherche agronomique : “La science est un pari, elle doit être aventureuse. Elle se raisonne désormais à l’échelon international”.

Notre vocation est bien d’anticiper les enjeux, de proposer des systèmes de production offrant une meilleure rentabilité dans une logique de développement durable. Nous devons nous sentir stimulés par notre place de 2e mondial dans la science agronomique. Car il faut sans cesse travailler pour rester à ce niveau d’excellence.
L’Inra dispose pour les programmes définis sur la période 2006-2009 des moyens de ses ambitions. Nous avons dégagé des axes scientifiques : l’environnement et les territoires, l’alimentation humaine et la santé, les produits agricoles, leur transformation pour leur compétitivité, l’amélioration des pratiques agricoles durables et la compréhension des interactions entre les différents systèmes sociaux, économiques et écologiques.

R.E. : Quels sont alors les modèles d’agriculture durable sur lesquels vous travaillez en ce moment ?

M.G. : La production intégrée est une voie d’avenir. C’est un modèle pertinent qui nous semble en mesure de dégager un revenu satisfaisant pour l’agriculteur. Nous avons fait des expérimentations en arboriculture, mais aussi sur la filière blé dur en partenariat avec Arvalis-Institut du végétal et cela marche. Ces systèmes se montrent plus compétitifs car ils concilient le progrès génétique, l’agronomie et fournissent un produit de qualité tout en respectant l’environnement.
Seule une démarche globale, prenant en compte tous les paramètres qui interviennent dans le processus de production est gage de succès. Elle convaincra alors un plus grand nombre de professionnels. Et la production intégrée n’est pas uniquement dédiée à l’arboriculture, ce concept peut être décliné également en viticulture, en grandes cultures, pour les cultures légumières…

Pour expérimenter et évaluer l’impact de la production intégrée sur les écosystèmes, l’Inra a mis au point un outil original, le mésocosme, une reconstitution d’un environnement naturel.

R.E. : Vous travaillez aussi sur la chimie verte, donnant ainsi un rôle important à l’agriculture dans l’enjeu du développement durable. Comment conduisez-vous ce dossier et quels sont les produits de demain ?

M.G. : Nous raisonnons valorisation de la plante entière car les possibilités d’extension des terres arables et des ressources en eau sont désormais limitées.
Ainsi les coproduits deviennent pour la filière agricole une source de valeur ajoutée à part entière avec, en plus, une valorisation à l’hectare du rendement énergétique. Les chercheurs réfléchissent par exemple à d’autres utilisations des drèches de blé ou des tourteaux de colza.
Dans ce cadre une piste importante se dégage avec les biocarburants de seconde génération, ceux qui seront produits à partir de la lignine (bois, paille) par un procédé thermochimique ou biologique de type fractionnement enzymatique. Ce modèle pourrait être opérationnel à horizon 2015. Et là encore, nous sommes vraiment dans l’innovation et dans le développement de nouveaux projets en partenariat.

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