Quand agriculture raisonnée rime avec solidarité…

7 avril 2006 - La rédaction 
Christine Van Vooren, maraîchère dans l’Hérault, a accompagné au dernier Salon de l’agriculture à Paris une dizaine d’élèves d’une classe d’insertion de Lunel. Ce voyage était la récompense d’un concours organisé suite à un travail régulier mené autour du jardinage et de la protection de l’environnement.

 

Depuis vingt ans, Christine Van Vooren et son mari, Martial, travaillent sur une exploitation maraîchère à Lunel et œuvrent pour une agriculture raisonnée. Lunel, petite commune rurale de plus de 20 000 habitants, compte un fort taux de chômage (près de 25 %) et 37 % de sa population est RMIste. La population jeune, le plus souvent sans aucune formation, se retrouve complètement désœuvrée et sans but. Depuis quelques années, cette commune tranquille s’est transformée : la petite délinquance a augmenté, souvent liée à la drogue. Un climat de peur, de méfiance et parfois de haine s’est installé entre les Pescalunes (personnes originaires de Lunel) et les Lunellois (habitants de Lunel).

 class=Offrir une ouverture sur la nature pour les enfants

L’idée est alors venue à Christine Van Vooren d’essayer de donner aux enfants lunellois une ouverture vers la nature qui les entoure, tout près de leurs HLM pour leur enseigner le respect. “Les enfants des écoles de Lunel (50 environ par semaine) viennent jardiner sur l’exploitation”, explique Christine Van Vooren. “Je prends alors le temps de leur expliquer la vie qui les entoure : on s’assoit par terre, on regarde, on écoute, on apprend à reconnaître les insectes, les animaux de la ferme, les plantes sauvages et les autres et surtout pourquoi il faut les respecter. Ils font aussi leur potager, et au mois de juin, un grand pique-nique est organisé pour déguster leur production.” Christine Van Vooren s’est rendu compte à quel point pour ces enfants, souvent en difficulté scolaire, voire en échec, il est valorisant de réussir à faire pousser des légumes ou des fleurs, et comme il était facile, là, d’expliquer le respect de la vie, le respect du travail, le sien et celui des autres. “Dans le prolongement de ce travail, un concours est organisé pour les différentes classes”, précise Christine Van Vooren. “Le thème a porté cette année sur l’environnement et la santé dans l’assiette. Douze élèves d’une classe d’insertion ont remporté le concours. En récompense, nous les accompagnons pour un voyage à Paris avec visite de la capitale et du Salon de l’agriculture. Cela prend du temps et de l’énergie pour tout organiser, mais n’oublions pas que le développement durable intègre le volet social ; la solidarité en constitue une bonne approche.”

 

 class=Christine Van Vooren veut aussi agir contre le racisme

C’est pour cela qu’elle a créé avec d’autres femmes, l’association “Graines de Lune”, pour qu’autour des enfants, des relations entre les adultes s’instaurent et que ces personnes de cultures très diverses se rencontrent, se connaissent et que la peur de l’autre s’envole. À partir des contacts avec les parents d’élèves et les clients du marché, des liens se sont créés. De ces échanges est née l’idée de créer un aménagement maraîcher et un système d’irrigation en zone pré-saharienne, dans un village Touareg au Maroc. Cela permettra d’enrayer la désertification et d’entrevoir une perspective vivrière et, à terme, commerciale, pour les femmes du village. D’ores et déjà un prolongement à cette action est prévu avec un jumelage entre les écoles de Lunel et de Tiguit. La rénovation de l’école, la fourniture de matériel pédagogique ainsi que des échanges entre les enfants ont pour objectif de rapprocher les cultures et les communautés. Pour cette action de solidarité et de développement durable, Christine Van Vooren a obtenu le 1er prix du trophée “Terre de Femmes” 2005 de la fondation Yves Rocher-Institut de France.

 

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