Biotechnologie, un outil de sélection

3 janvier 2006 - La rédaction 
Les biotechnologies, notamment au travers de l’utilisation de marqueurs moléculaires de l’ADN, ont rendu possible l’étiquetage de certains gènes. Ce qui permet dorénavant aux sélectionneurs de variétés de colza, tournesol ou pois de mieux connaître leur matériel génétique et d’optimiser le processus de sélection des variétés traditionnelles.

Le terme de biotechnologies est le plus souvent associé, en agriculture, aux techniques de transgénèse, qui permettent d’intervenir sur le patrimoine génétique des espèces, pour aboutir à la création d’organismes génétiquement modifiés. Mais ceci est un abus de langage : les biotechnologies sont définies comme “l’application des sciences et des techniques à des organismes vivants, qu’il s’agisse d’éléments, de produits ou d’échantillons, pour transformer les matériaux vivants ou non, dans le but de produire des connaissances, des biens et des services” (OCDE). Les biotechnologies, ensemble de technologies dérivées de la biologie, représentent donc bien plus que la seule transgénèse. Elles résultent du développement historique de la génétique, étroitement associée au développement d’autres techniques.

Des technologies récentes Si la sélection des plantes et des animaux par l’homme existe depuis toujours, la génétique est une science toute récente : l’étude des phénomènes de l’hérédité a démarré à la fin du XIXe siècle avec les travaux de Mendel ; la découverte de l’ADN comme support de l’information génétique date de 1953 (Crick et Watson), suivie en 1961 par les travaux de Jacob et Monod sur les fonctions de l’ADN. Voilà qui a ouvert une vaste aire de recherche sur les gènes portés par la molécule d’ADN, appuyée sur l’explosion des capacités offertes par l’informatique et la robotique, et sur les progrès spectaculaires en microbiologie, biologie moléculaire, biochimie…

Recherche collective

Au vu de l’importance des investissements nécessaires pour avancer dans les travaux de recherche en génomique végétale, une action collective était indispensable. Elle s’est développée, en France, au travers de Génoplante, qui associe des organismes de recherche publics et privés dans des travaux de recherche fondamentale de séquençage des gènes et élaboration de cartes génétiques pour développer de nouvelles techniques d’appui à la sélection. En parallèle, Biogemma est une société privée qui associe les filières et certains sélectionneurs, et travaille à valider l’intérêt agronomique des gènes identifiés par Génoplante et aboutir à la définition du bon outil pour le sélectionneur.

Sofiprotéol participe chaque année au financement de ces programmes de recherche, en lien étroit avec les axes stratégiques de la filière : amélioration de la productivité, de la résistance aux maladies et de la qualité des productions oléoprotéagineuses.

La génomique végétale est donc l’un des grands champs d’application des biotechnologies aujourd’hui. “La génomique répond en fait au désir du sélectionneur de se rapprocher au plus près possible du gène, analyse Claude Tabel. Car la sélection traditionnelle ne “voit” pas les gènes, elle utilise l’expression du génome des plantes au champ pour choisir des individus. Avec le développement des techniques de la génomique, le sélectionneur tente d’avoir une vision plus proche de la réalité du génome de la plante.”

Des balises pour le génome La découverte des marqueurs moléculaires de l’ADN a en effet véritablement ouvert une nouvelle ère de la sélection. Les marqueurs moléculaires sont des séquences bien définies de l’ADN rendant possible “l’étiquetage” de certains gènes et l’identification de leurs caractéristiques. Les marqueurs constituent de véritables balises sur le génome : “ils permettent d’avoir une sorte de photo du matériel au niveau génotypique ; une photo qui nous donne des informations complémentaires par rapport à ce qui est observé au champ (phénotype), où l’expression des gènes est perturbée par les éléments de milieu”, explique Dominique Perret, directeur général de Soltis (joint venture entre Euralis et Limagrain). L’intérêt premier est donc de mieux “lire” le génotype et d’orienter le travail de sélection grâce à une meilleure connaissance de la structuration du matériel génétique que l’on observe. Les marqueurs moléculaires sont aujourd’hui des outils utilisés en routine chez les sélectionneurs, par exemple pour analyser l’aptitude des variétés-lignées à la combinaison, identifier les individus les plus à même de se croiser afin de maximiser les phénomènes d’hétérosis (vigueur hybride).

Résistance aux maladies, teneur en huile Les marqueurs aident également les sélectionneurs à trier, dans une population de départ, le matériel génétique qui contient un gène d’intérêt. Il faut alors utiliser des marqueurs spécifiques d’un gène donné, codant pour un caractère simple. C’est l’exemple de la résistance au mildiou chez le tournesol : les sélectionneurs disposent de marqueurs pour différents gènes de résistance, qui leur permettent de vérifier, dès le départ du processus de sélection, la présence de ce caractère dans la variété étudiée, en évitant de devoir attendre plusieurs générations de culture pour valider son expression au champ. D’autres caractères sont déterminés de manière plus complexe, par plusieurs gènes : il faut alors disposer d’un jeu élargi de plusieurs marqueurs pour les suivre. C’est le cas de la teneur en huile des oléagineux … “A priori, il n’y a pas de cible qui ne soit pas envisageable avec de tels outils”, souligne Dominique Perret. Un caractère quantitatif du type productivité exige par exemple de rechercher des segments chromosomiques impliqués dans la mise en place de ce caractère. Une fois ces segments cartographiés, une analyse statistique permet de faire la liaison entre les marqueurs de ces segments et leur fonction d’intérêt.

Gènes d’intérêt sur plantes modèles La complexité du travail de génomique a souvent nécessité l’utilisation de plantes modèles, servant à l’identification des gènes d’intérêt. Une fois le ou les gènes repérés sur le modèle, il suffit de vérifier sa présence sur l’espèce voisine, selon l’hypothèse de la conservation de l’ordonnancement des gènes. Il s’agit en particulier de l’arabette (Arabidopsis thaliana) qui a permis, entre autres, d’identifier les gènes responsables de la floraison du pois.

Pour en savoir plus

A lire sur les OGM…Qu’est-ce qu’un OGM ? Quels sont les avantages et les risques engendrés par les OGM ? Quels contrôles doit-on mettre en place ? «Explique moi … les OGM», édité par Nane Editions en partenariat avec Proléa et Biogemma, offre au jeune public les réponses aux nombreuses questions soulevées par les Organismes génétiquement modifiés

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