Référence Environnement : Pensez-vous que la région Midi-Pyrénées soit bien positionnée pour atteindre un bon état écologique de ses eaux en 2015 ?
Marie-Thérèse Lacourt : Il y a d’énormes progrès à faire pour atteindre les objectifs de la directive cadre sur l’eau. Et dix ans, c’est très court. Qu’il s’agisse de la réactivité des sols ou de la modification des pratiques agricoles, il faut du temps. La transposition de pratiques culturales de quelques hectares d’essais à l’exploitation peut se révéler parfois irréalisable. Parce qu’elle est décalée par rapport aux temps de travaux, par exemple. Et surtout parce que chaque modification de pratique rejaillit sur un plan économique. Il faut aussi dissocier la part de chacun. L’agriculture n’est pas la seule source de pollution. Il convient en tout cas d’affiner en permanence les indicateurs. Nous ne voulons plus nous sentir les boucs émissaires. Nous avons en effet évolué, nous ne sommes pas figés.
Christian Longueval : Les nitrates, avec la fertilisation raisonnée sont un dossier assez bien maîtrisé. 50 % de notre SAU (Surface agricole utile) sont classés en zones vulnérables. En fait, notre principale préoccupation ce sont les phytos. Ils constituent déjà un risque pour l’utilisateur. Un autre problème émerge, particulièrement dans les zones très urbanisées, les phosphates. Mais leur pression est moindre.
R.E. : Quels sont les principaux freins à la mise en place d’actions d’envergure en faveur de l’environnement ?
Marie-Thérèse Lacourt : La principale difficulté réside dans le lien entre les structures institutionnelles et le terrain. L’intérêt du Gramip (Groupe régional d’action Midi-Pyrénées) est précisément de mettre tous les acteurs autour de la table, sur une zone prioritaire. Les agriculteurs, la SNCF, la DDE… Nous avons aussi intérêt à développer les actions en binômes, associant Chambre d’agricuture et acteurs économiques. Il n’est pas facile de trouver des agriculteurs sur un plan local pour animer les groupes. Les salariés des Chambres ne suffisent pas. Il faut sans cesse expliquer, convaincre, ce qui est gourmand en temps et moyens financiers.
Christian Longueval : Et l’image que l’on nous renvoie reste négative. Nous sommes sans cesse dépassés par des gens qui en demandent toujours plus.
R.E. : Est-il facile de porter en tant qu’élue une casquette eau et environnement ?
Marie-Thérèse Lacourt : Non, pas vraiment ! On est toujours sur le fil, il ne faut pas passer de l’autre côté de la barrière. Faire adhérer les agriculteurs sans les refermer sur eux-mêmes est d’autant plus compliqué que le contexte économique est mauvais. Mais je leur dis d’être acteur, de ne pas subir. Marie-Thérèse Lacourt, vice-présidente de la Chambre d’agricuture de Haute-Garonne, en charge de l’eau et de l’environnement. L’une de ses préoccupations : “Ne pas s’enfermer dans un cercle d’initiés, garder le contact avec les réalités du terrain”. Christian Longueval, ingénieur à la Chambre d’agriculture de Midi-Pyrénées en charge de l’environnement: “Notre principale préoccupation ce sont les phytos”.