Faire parler la terre

20 janvier 2005 - La rédaction 
Sur l’exploitation de Bruno Pouteau, chaque parcelle est analysée tous les quatre à cinq ans. Loin d’être une contrainte, cette approche lui permet d’ajuster les apports d’engrais aux besoins des cultures.

Bruno Pouteau n’a pas attendu d’être qualifié au titre de l’agriculture raisonnée pour pratiquer des analyses régulières de terre. “Le plan prévisionnel actuel date du dernier remembrement, en 1994. Il est établi jusqu’en 2010. Depuis, la composition chimique de chaque parcelle est analysée tous les quatre à cinq ans. Seules certaines petites parcelles sont regroupées pour l’analyse parce qu’elles reçoivent la même rotation (succession de différentes plantes sur un même sol) et un travail du sol identique”, indique l’agriculteur. Ce programme d’analyses lui permet a fortiori de respecter le référentiel de l’agriculture raisonnée, qui impose des analyses de terre par grand type de sol et système de culture, à renouveler tous les six ans pour les paramètres chimiques.Prélèvements de terre : toujours au même endroit…

Bruno Pouteau cultive 180 hectares de grandes cultures dans l’Yonne.

La mise en place du plan prévisionnel d’analyses a commencé par le repérage des zones de prélèvement pour chaque parcelle. “Il fallait que ces zones soient à la fois représentatives de la plus grande surface et correspondent à des secteurs faciles à repérer, afin de les retrouver à chaque fois”, développe Bruno Pouteau. Ce dernier insiste en effet sur l’importance de prélever toujours au même endroit. “Pour être sûr de ne pas me tromper, je marque les zones choisies par un cercle sur le plan parcellaire”, souligne-t-il. Comme prochaine étape, l’agriculteur envisage d’investir dans un GPS et de relever les points exacts de prélèvement.

… et selon un protocole précis

Bruno Pouteau utilise l’appareil de sa coopérative pour faire les prélèvements. “Je prélève les vingt premiers centimètres du sol, ce qui correspond à la profondeur travaillée, en une dizaine de points différents de la zone définie. Je mélange ensuite la dizaine d’échantillons, et j’envoie 250 g de ce mélange au laboratoire d’analyses, toujours le même depuis dix ans”, décrit-il. Selon lui, garder le même laboratoire permet d’être sûr que le protocole reste identique, et donc que les résultats sont comparables d’une année sur l’autre. “L’analyse des engrais de fond est très bon marché, environ 70 € pour le phosphore (P), le potassium (K) et le magnésium (Mg). Si on rajoute des éléments chimiques, le prix augmente bien entendu, et peut aller jusqu’à doubler pour une analyse complète. Mais comme mes parcelles sont grandes, cela ne revient pas très cher à l’hectare”, estime-t-il. Tous les rapports d’analyses sont conservés dans une seule boîte à archives. “Autant dire que ça ne prend pas beaucoup de place car les premiers rapports d’analyses datent de 1975, quand mon père tenait l’exploitation”, retrace Bruno Pouteau.

Ajuster les apports d’engrais à la parcelle

Depuis qu’il pratique des analyses de sol régulières, Bruno Pouteau poursuit le même objectif : ajuster les apports d’engrais à la parcelle. “D’un point de vue économique, je préfère mettre davantage d’argent dans les analyses, et moins dans les engrais”, déclare-il. Ainsi, comme le montrent souvent les résultats d’analyses, il peut ne mettre que du phosphore sur céréales, et que du potassium sur les têtes de rotation. “Pour que l’ajustement soit le plus précis possible, il faut aussi avoir un matériel qui puisse apporter des doses différentes. J’utilise donc un épandeur avec système de pesée, acheté en Cuma”, ajoute-t-il.

Exigences nationales du référentiel

Gestion des sols

10. Mettre en œuvre un programme d’analyses permettant d’assurer un suivi physico-chimique des sols des parcelles labourables de l’exploitation. Ce programme comporte des analyses de terre par grand type de sol et système de culture présent sur l’exploitation.

Il doit être prêt lors de la qualification et les analyses réalisées, dans l’année qui suit l’attribution de la qualification, et renouvelées, pour les paramètres chimiques, au moins tous les six ans.

10bis. Mettre en place des dispositifs enherbés d’au moins 5 mètres de large en bordure des cours d’eau traversant ou bordant la surface agricole de l’exploitation. Identifier ces dispositifs sur un plan. Ne pas fertiliser ni utiliser de produits phytosanitaires pour les entretenir.

10ter. Ne pas brûler les pailles et les résidus de cultures annuelles.

10quater. L’assolement comprend au moins 3 cultures ou 2 familles de culture (la surface minimale de la troisième culture représente 5 % des surfaces entrant dans la sole).

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter