Contrôler le pulvérisateur pour bien traiter

20 janvier 2005 - La rédaction 
Utilisé sur chaque culture de l’assolement tout au long de la campagne, le pulvérisateur est le matériel incontournable de l’exploitation. D’où l’importance de contrôler et d’entretenir régulièrement ses principaux équipements et l’intérêt d’un diagnostic complet de l’appareil tous les trois ans.

“Faire effectuer, par un tiers spécialisé, un diagnostic du pulvérisateur tous les trois ans, dès qu’il est en place, et procéder aux réparations nécessaires” : contraignante sur le papier, l’exigence n° 41 du référentiel agriculture raisonnée n’en est pas moins indispensable, selon Jean-François Goupillon, responsable technique du Sygma (1) : “Réaliser un contrôle complet du pulvérisateur tous les trois ans, même s’il s’agit d’un appareil neuf, n’est pas un luxe. Ce matériel est le plus utilisé de l’exploitation. Son bon fonctionnement et sa sécurité d’utilisation sont donc indispensables”.

Il est fortement recommandé à l’agriculteur d’assister au contrôle de son pulvérisateur, d’une durée approximative d’une heure et demie à deux heures.

L’agriculteur apprend en assistant au contrôle

Le tiers spécialisé en question peut être d’origines diverses : le concessionnaire responsable de la vente du pulvérisateur, un technicien de Chambre d’agriculture, un conseiller machinisme du réseau Cuma… D’une durée approximative d’une heure et demie à deux heures, le contrôle du matériel présente un coût indicatif de l’ordre de 100 à 150 €. Le fonctionnement des buses, filtres, pompe, manomètre, système antigouttes est ainsi vérifié, tout comme la présence éventuelle de fuites, la géométrie et la suspension des rampes… Une norme européenne (NF EN 13790) décrit d’ailleurs les éléments à vérifier et les méthodes pouvant être utilisées lors de ce contrôle. Pour Jean-François Goupillon, la présence de l’agriculteur lors du check-up de son matériel est d’ailleurs fortement recommandée : “En accompagnant la personne en charge du diagnostic, l’agriculteur approfondit ses connaissances par rapport au fonctionnement de son pulvérisateur, qui n’est pas toujours aisé à comprendre. Ce qui lui permet d’être en mesure d’assurer lui-même l’entretien régulier de son matériel”. Incontournable, le diagnostic triennal n’affranchit pas en effet l’agriculteur du contrôle et de l’entretien courant de son appareil.

L’utilisateur doit se référer à la notice d’entretien

“Dans ce domaine, le premier réflexe de l’agriculteur doit être de se référer à la notice d’entretien du pulvérisateur”, prévient le responsable technique. Dans le détail, l’équidistance, la verticalité et l’absence de colmatage des buses doivent notamment être contrôlées. En cas de bouchage, une brosse à dents ou de l’air comprimé fait l’affaire, au contraire d’un couteau qui peut abîmer les buses. “Vérifier leur débit est possible en fonctionnant à l’eau et avec une éprouvette et un chronomètre”, explique Jean-François Goupillon. Au-delà de 10 % d’écart entre le débit mesuré et le débit indiqué par le fabricant, les buses défectueuses devront être changées. Associés aux buses, les systèmes antigouttes sont vérifiés à l’arrêt, pour s’assurer de l’absence de fuites dans cette position. Pour éviter les colmatages, les filtres doivent aussi être nettoyés très régulièrement à l’eau claire. Quant au manomètre, son réétalonnage régulier s’avère indispensable. “Enfin, faire tourner l’appareil à l’eau claire permet de vérifier la présence de fuites éventuelles sur l’ensemble du pulvérisateur”, indique Jean-François Goupillon.

Préserver le réseau d’eau des contaminations

En termes de pulvérisation de produits phytos, le référentiel agriculture raisonnée impose enfin la présence d’un “dispositif évitant une contamination de la source d’eau utilisée pour le remplissage du pulvérisateur”. Selon Jean-François Goupillon, plusieurs possibilités permettent de répondre à cette exigence : “Les systèmes antiretour montés sur le tuyau d’arrivée d’eau empêchent que le contenu de la cuve ne revienne dans le réseau d’eau à cause d’une inversion de pression. Une potence peut aussi être installée au-dessus de l’orifice de remplissage du pulvérisateur, de façon à éviter tout contact entre la cuve et le réseau d’eau en effectuant un remplissage à l’air libre. Enfin, le remplissage peut aussi être réalisé à partir d’une réserve d’eau intermédiaire déconnectée du réseau lors de cette opération”.

(1) Sygma : Syndicat général des constructeurs de tracteurs et machines agricoles.

Exigences nationales du référentiel

Protection des cultures

29. À compter de la qualification, entretenir les fossés manuellement ou mécaniquement.

30. Réaliser des observations sur l’état sanitaire des cultures, les interpréter à l’aide des bulletins techniques ; enregistrer au minimum les observations débouchant sur une intervention.

31. Enregistrer les traitements par îlot cultural (facteur déclenchant, date, cible, technique ou produit, dose ou équivalent).

32. En cas de recours à un prestataire de service pour l’application de produits phytosanitaires, celui-ci doit être agréé comme applicateur de produits.

33. Conserver les produits phytosanitaires dans leurs emballages d’origine, avec leurs étiquettes.

34. Faire un inventaire annuel des stocks de produits phytosanitaires à compter de l’année qui suit la qualification.

35. Disposer d’un local (ou d’une armoire si l’exploitation n’emploie pas de salariés) clairement identifié, spécifiquement réservé à cet usage, aéré ou ventilé, et fermé à clef, destiné au stockage des produits phytosanitaires.

36. Afficher des consignes de sécurité à l’entrée du local de stockage des produits phytosanitaires.

37. N’utiliser que des produits bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché et autorisés pour les usages considérés, en respectant la dose homologuée.

38. Connaître les précautions d’usage obligatoires, afin de réduire les risques de dépassement des limites maximales de résidus et de pollution.

39. Connaître les éventuelles restrictions d’usage des produits définies localement.

40. Être abonné à un service de conseil technique indépendant de la commercialisation des produits ou à un service de conseil technique de distributeur agréé pour la distribution de produits phytosanitaires.

41. Faire effectuer, par un tiers spécialisé, un diagnostic du pulvérisateur tous les trois ans, dès qu’il est en place, et procéder aux réparations nécessaires.

42. Être en mesure de vérifier régulièrement le bon fonctionnement du pulvérisateur et d’assurer son entretien.

43. Disposer d’une réserve d’eau au champ pour la dilution du fond de cuve et le rinçage de la cuve au champ. Sinon, en cas de renouvellement, acheter un pulvérisateur muni d’une cuve de rinçage.

44. Avoir un dispositif évitant une contamination de la source d’eau utilisée pour le remplissage du pulvérisateur.

Un local phytosanitaire et une salle de préparation spécifiques

Agriculteur en Champagne Berrichonne, à Levroux (36), Gérard Marmasse exploite 220 hectares de grandes cultures (colza, tournesol, maïs, lentilles, blé et orge), dont 20 sont consacrés à la production de semences potagères. Parallèlement, il a créé une société de prestation de services pour travailler en partenariat avec les firmes semencières et phytosanitaires.

Pour le stockage de ses produits phytos, Gérard Marmasse a aménagé voici un an un ancien poulailler de l’exploitation : “Spécifiquement réservé à cet usage, le local est hors-gel et bétonné. Il est équipé d’étagères métalliques sous lesquelles sont installés des bacs de rétention. Pour l’aération, il est muni d’un système VMC et d’un extracteur d’air. Les produits y sont rangés par familles : fongicides, herbicides, insecticides et divers (adjuvants, huiles…)”. Au niveau sécurité, un panneau fourni par la MSA, installé à l’entrée du local affiche les consignes de sécurité et les organismes de secours à contacter en cas d’accident.

“Pour la préparation des bouillies, une pièce attenante au local, avec une balance de précision et des récipients gradués, a également été aménagée spécifiquement, poursuit Gérard Marmasse. Un lavabo et un rince-œil ont notamment été installés”. Pour compléter son installation, l’agriculteur réfléchit désormais à repenser son aire de remplissage et de lavage du pulvérisateur, avec la construction probable d’un phytobac pour traiter les résidus de produits phytos.

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