Pour un pulvérisateur plus sûr

20 mars 2005 - La rédaction 
Verser les produits phytosanitaires dans la cuve du pulvérisateur est une opération à risques sur le plan environnemental : danger de renversement suite à un incident de manipulation, erreurs de dosage, mélange des produits entre eux, nécessité de rinçage de la cuve et de gérer ensuite les fonds de cuve… Pour limiter ces risques, équiper son pulvérisateur d’un système « d’injection directe » semble une bonne solution. C’est pourquoi Syngenta soutient activement la société Proharam Concept dans le développement d’un tel dispositif.

Il s’appelle le SP.ID 1. Ou, plus clairement, “Spraying par injection directe”. C’est un dispositif de pulvérisation original (breveté), basé sur un nouveau système d’injection directe, qui se monte facilement sur tout type de pulvérisateur. L’objectif est de faire en sorte que la cuve du pulvérisateur ne contienne plus que de l’eau, les produits phytosanitaires, autant liquides que solides (granulés dispersibles), étant transportés dans des mini cuves séparées. Un bloc d’injection se connecte simplement entre la cuve du pulvérisateur et sa pompe, et aspire, en même temps que l’eau claire, la quantité nécessaire du ou des produits phytosanitaires. En fin de traitement, il rince automatiquement l’ensemble des circuits, les quantités de produits non utilisés étant récupérés dans les emballages d’origine et les eaux de lavage étant pulvérisées au champ. Une console de commande est placée dans la cabine du tracteur de manière à programmer et à suivre le déroulement des séquences de pulvérisation ou la quantité de produits consommés. Il est également possible, depuis la cabine, de modifier le dosage du traitement en cours de pulvérisation, de réaliser une modification instantanée des paramètres de pulvérisation, ou de lancer la procédure de rinçage des cuves.

Des réglages ultra simplifiés

Après remplissage de la cuve du pulvérisateur à l’eau claire et l’introduction dans les minicuves des produits phytosanitaires, le microprocesseur prend en charge la plupart des calculs auxquels devait auparavant se livrer l’opérateur : quantité nécessaire en fonction des surfaces à traiter, abaques pour corréler la quantité de bouillie en fonction des quantités de produits, … Une fois déterminée la dose de produits par hectare, le nombre d’hectares, le volume d’eau, les différents paramètres sont introduits dans la console de commande implantée dans la cabine du tracteur. Il sera ensuite très simple de les modifier en cours de traitement si nécessaire.

Une fois l’appareil prêt à partir, les interventions sont limitées au minimum et largement automatisées. Une alarme retentit lorsqu’il se passe quelque chose d’anormal (détecteur de cuve vide par exemple) et les cuves se rincent automatiquement. Tout changement de produit est facile et ne nécessite pas de retour à un point d’eau.

Il est même possible d’installer les mini cuves sur un vérin, permettant leur chargement en les posant au sol : elles sont ensuite remontées contre la cuve principale du pulvérisateur, de façon à respecter le gabarit de l’appareil.

Gains majeurs pour l’environnement

Le SP-ID1 est spécialement conçu pour réduire les risques de pollution ponctuelle existant avec le pulvérisateur. Ainsi, le fait de remplir la cuve principale à l’eau claire offre d’importants atouts : plus de reliquats de bouillie à gérer ; pas de constitution de volumes morts en fond de cuve ; absence de risque de pollution en cas de retour de liquide dans le milieu ou le réseau ; pas de risque particulier en cas de débordement durant la phase de remplissage ; plus de transport de grands volumes de produits dilués entre la zone de remplissage et la parcelle ou entre deux parcelles…

La présence des mini cuves offre également des intérêts environnementaux majeurs. En premier lieu, il n’y a plus de mélange de différents produits dans une cuve unique : à chaque produit correspond une mini cuve (possibilité d’embarquer un à cinq produits) et chacun est utilisé selon les besoins. Si une incompatibilité physique des produits n’a pas été anticipée, cela ne concerne que la faible quantité mise en mélange et non pas la totalité de la cuve. Enfin, l’eau de rinçage des bidons peut être pulvérisée en parallèle de la pulvérisation des produits.

Économie de temps

La simplicité et le souci de précision du système offrent un net gain de temps, en évitant les calculs complexes, en permettant un nettoyage des circuits très rapide, sans nécessité de nettoyage de la cuve principale. Une fois la cuve d’eau claire remplie, il n’est pas nécessaire de revenir à la ferme pour effectuer des nettoyages ou des changements de produits.

“Le SP-ID me permet d’enchaîner sans perte de temps mes traitements : en pratique, j’ai remarqué que j’économisais 20 % de temps de déplacement”, constate un céréalier entrepreneur de travaux agricoles à Balma (31).

L’analyse est similaire pour Pascal Nowak, responsable de l’activité Cuma au sein de la Sica Ségala-Limargue à Lacapelle-Marival (46) : “En nous évitant de fastidieux rinçages de la cuve principale du pulvérisateur et en nous permettant d’optimiser nos approvisionnements en eau en différents points stratégiques du département, le SP-ID nous permet de gagner près de trois heures sur une journée de pulvérisation de sept heures. Une économie de temps d’autant plus appréciable qu’elle se solde aussi par un gain de sécurité car, désormais, nous ne transportons plus sur route qu’une cuve d’eau claire.”

Meilleure gestion des produits phytos

Notons en outre que l’adoption de ce système, facile à monter sur tout pulvérisateur, ne modifie en rien le matériel d’origine : il est possible de revenir au système classique en actionnant tout simplement deux vannes. Mais la principale économie est celle résultant de la meilleure gestion des produits phytos : quel agriculteur n’a jamais constaté de différence entre le volume de bouillie préparé et la quantité réellement utilisée ? Le dispositif d’injection directe permet de supprimer les pertes de matières actives présentes dans le reliquat de bouillie ou le fond de cuve une fois les parcelles traitées. Les produits liquides non utilisés en fin de traitement sont récupérés dans leur emballage d’origine. Si un traitement est interrompu par une période pluvieuse, les difficultés que représente la stabilité de la bouillie dans la cuve principale ne se posent plus.

Traiter plus précis

Le principe de fonctionnement du SP-ID 1 est parfaitement adapté au concept de l’Agriculture raisonnée : mettre la bonne dose au bon endroit. Avec la console de commande électronique directement accessible dans la cabine du tracteur, il est facile de réaliser les traitements en localisation. Ainsi, le désherbage limité aux taches d’adventices est possible, lorsque la présence et le niveau d’infestation le justifient. Il est aussi possible de travailler en jet dirigé. En viticulture par exemple, un produit de couverture peut être appliqué simultanément sur le feuillage et un autre de nature différente sur la zone des grappes. En option est disponible la possibilité de montage du dispositif sur un semoir, permettant d’appliquer avec précision les traitements herbicides par exemple. Fabrice Cauhapé, entrepreneur et agriculteur à Cardesse (64), souligne sa facilité d’installation et d’utilisation : “Lorsque je sème du maïs chez un client qui souhaite aussi positionner un herbicide, je n’ai plus à perdre de temps pour estimer la quantité de bouillie nécessaire : il me donne le produit et je lui rends la quantité restante lorsque j’ai terminé. Difficile de faire plus simple et plus transparent ! Autre avantage, je peux facilement changer de matière active, d’une parcelle à l’autre, et même, à l’aide d’un simple bouton en cabine, faire varier la dose, en cours de traitement, selon les niveaux de salissement redoutés.”

“Une solution d’intérêt général pour gérer les fonds de cuve”

Jean-Louis Bernard, responsable environnement et relations extérieures pour Syngenta agro

Pourquoi soutenir un tel dispositif ?

Cela fait partie intégrante de notre engagement dans l’agriculture durable. Quand on analyse les causes de contamination des eaux de surface ou de nappes liées aux produits phytosanitaires, on s’aperçoit de l’importance majeure de la gestion des fonds de cuve de pulvérisateur. Ils peuvent parfois représenter 50 % des sources de contamination !
Lorsque nous avons appris l’existence du SP-ID, nous avons constaté que ce système d’injection directe représentait une solution simple, élégante et d’intérêt général et nous avons décidé de soutenir son développement.

Quelle forme prend votre action en faveur du SP-ID ?

La conception, la fabrication, la commercialisation et le suivi après vente du dispositif d’injection directe sont assurés par la société Proharam Concept. Nous apportons simplement notre concours pour la promotion de ce système, une phase qui n’est pas simple à assurer pour une petite structure comme Proharam Concept : prise de contact avec les filières, référencement, validations auprès d’instituts techniques, …

Où en est aujourd’hui la commercialisation ?

Après les études réalisées en 2001, la commercialisation a débuté en 2002. Aujourd’hui, le stade de la présérie est dépassé ! Selon les vœux de Proharam Concept, nous espérons continuer à soutenir le développement du SP-ID, de manière à améliorer encore les points qui le méritent et à faire reconnaître ce dispositif comme un des éléments pouvant apporter une solution intéressante aux problèmes des fonds de cuve.

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter