Mise en route en juin 2004, la station collective de Beckerich (Luxembourg) regroupe dix-neuf exploitations. Elle emploie deux salariés, Constant Kieffer, pour la gestion administrative, et un chauffeur pour la maintenance et le transport des effluents. Selon l’autonomie en stockage des exploitations, le camion-citerne (18?000 litres) collecte régulièrement le lisier dans chaque ferme et alimente les digesteurs de la station collective. Les agriculteurs apportent également leur fumier, ainsi que leurs restes d’ensilage et perçoivent une indemnité pour le transport. Restent 120 hectares de cultures énergétiques (maïs, triticale, escourgeon, etc.) achetées à leurs producteurs qui contribuent pour plus de 50 % à l’énergie produite sur la station. Après transformation, le digestat est pompé par le camion et réparti dans une dizaine de cuves de stockage disséminés un peu partout dans la campagne. Il sera épandu par un entrepreneur de travaux agricoles, payé par la station.
La station de Beckerich dispose de deux lignes de méthanisation identiques, comprenant chacune un digesteur de 1?200 m3, qui contribue à 70 % de la production de méthane (durée de séjour de 20 jours), suivi d’un postdigesteur, de capacité et de fonctionnement identiques au digesteur, contribuant à 20 % de la production (20 jours également) et la fosse de stockage (5 % de la production), non chauffée. La station travaille en fermentation mésophile à une température évoluant entre 38 et 40 °C.
Les agriculteurs ne touchent plus au lisier
L’électricité est vendue à la Cégédel (compagnie électrique luxembourgeoise) 8,1 centimes d’euros par kilowattheure, auxquels il faut ajouter 2,5 centimes/kWh d’encouragement de la part de l’état. Elle est produite par deux cogénérateurs, l’un de 500 kWh à allumage par bougies, l’autre dit dual-fuel, qui injecte 2 à 4 % de fioul pour allumer la chambre de combustion. La puissance thermique (environ 700 kWh) alimente le réseau de chauffage d’une commune et bientôt d’une deuxième.
La station fonctionne en grande partie de manière automatique. Une mélangeuse à vis verticales à poste fixe alimente les deux digesteurs par cycle de 4 minutes toutes les 2 heures. à l’aide d’un chariot télescopique, l’employé chargé de la maintenance remplit matin et soir la mélangeuse, avec un savant dosage de maïs, herbe et fumier. Tout est pesé, afin d’avoir une traçabilité des plus complètes. «C’est une station de traitements des déchets», rappelle Constant Kieffer.
Pour les 19 agriculteurs coopérateurs de la station, l’intérêt de la station collective, est de ne plus avoir à s’occuper des effluents. «On les prend chez lui et on lui paie l’épandage dans ses parcelles, explique Constant Kieffer. Les étables les plus récentes n’ont plus de cuves de stockage énormes, ce qui représente une économie également dans les infrastructures. L’idéal à moyen terme serait d’avoir un retour sur investissement, avec une rémunération pour chaque agriculteur. Mais le budget initial prévu pour l’installation a été largement dépassé (4,5 millions d’euros heureusement bien subventionnés).»
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