Placer l’enjeu biodiversité au cœur des territoires

8 septembre 2006 - La rédaction 
La stratégie nationale sur la biodiversité est le dernier outil politique lancé pour enrayer le déclin des espèces. Elle possède un plan d’action agricole.
Explications avec Gilles Kleitz, chargé de la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) au ministère de l’Écologie.

 La loi sur la protection de la nature a 30 ans. Les pouvoirs publics pourraient bien être tentés de lui donner un petit coup de vert. Un bilan sera entrepris cet automne.

 

Cette loi de juillet 1976 fut la véritable première étape vers un respect de la nature. Elle a institué la notion d’espèce protégée et légitimé les associations environnementales.

La biodiversité constitue aujourd’hui l’un des éléments clés de la stratégie nationale de développement durable lancé en 2003 par le gouvernement. Pour Gilles Kleitz, chargé de la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) au ministère de l’Écologie, “c’est la première fois qu’en France, un tel document de cadrage a une portée nationale.” Sa finalité : “stopper la perte de la biodiversité d’ici à 2010 en fixant un cadre cohérent et mobilisateur”. Et par rapport à la loi de 1976, la SNB et ses plans d’action sectoriels(1), prennent davantage en compte les enjeux territoriaux.

 

Restaurer et maintenir la trame verte

 

Gilles Kleitz, ministère de l’Écologie : “Ramener le débat sur la biodiversité au niveau local”.

Objectif du plan d’action agriculture : le maintien mais aussi la restauration de la trame verte : espace naturel, zone rurale, zone humide, bocage, plaine… “Les projets de territoire et parfois les parcs naturels régionaux ont du mal à mobiliser localement les agriculteurs. Notre idée est bien de ramener le débat à l’échelle d’un territoire, de faciliter les discussions entre les différents acteurs autour d’un projet nature.” Parmi la panoplie d’outils existants, les pouvoirs publics entendent privilégier des actions locales contractualisées et bien évidemment soutenir une agriculture durable.

Depuis un an, l’ensemble du territoire fait l’objet d’un état des lieux. Les actions de la SNB ne se focalisent pas uniquement sur les sites remarquables. D’ailleurs, ce sont souvent les zones de grandes plaines agricoles qui témoignent d’une biodiversité mal en point.

Gilles Kleitz relève deux principaux maux pour le volet agriculture et respect de la biodiversité : celui de l’occupation des sols et celui des pollutions diffuses. Ce dernier problème est de plus en plus pris en compte dans les pratiques agricoles mais le temps écologique nécessaire à la restauration des milieux est bien long. Le plan national de réduction des risques liés aux pesticides adopté le 28 juin en Conseil des ministres s’inscrit dans cette logique. Pour les sols, d’un côté il faut veiller à l’intensification, de l’autre à la déprise: “Au nord-ouest du Massif central, par exemple, les systèmes agricoles se simplifient, la vigilance est de mise. Alors qu’en zone extensive, notamment sur le pourtour méditerranéen, la forêt et les friches gagnent du terrain, souvent au détriment de la biodiversité”, illustre Gilles Kleitz.

 


Valorisation des pratiques agricoles

Les actions volontaires restent les plus attrayantes pour les agriculteurs mais aussi les plus pédagogiques.

Certes, la Pac a donné le coup d’envoi réglementaire d’une meilleure prise en compte de la nature par les agriculteurs. Par ailleurs, Natura 2000, les parcs, les conservatoires, les réserves naturelles sont de bons outils pour maintenir les refuges. Mais d’autres pistes sont à creuser : notamment sur l’amélioration des pratiques agricoles. Le 4e volet du plan d’action agriculture de la SNB met en place un suivi de 1 000 parcelles conduit par le Service de la protection des végétaux et la DGAL. En observation : l’impact des pratiques agricoles sur les insectes, la flore.

Les démarches volontaires restent les plus attrayantes pour les agriculteurs mais aussi les plus pédagogiques. Le 5e volet du plan soutient les actions expérimentales, comme celle portée par la LPO et son réseau de fermes.

 

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