Gestion concertée du territoire en Picardie

6 septembre 2006 - La rédaction 
Ecologistes et agriculteurs oeuvrent ensemble pour sauvegarder la biodiversité.

En Picardie, les jachères faune sauvage existent depuis 1994 et représentent aujourd’hui quelque 6 000 ha sur la région. Un suivi scientifique mené entre 1995 et 2000 montre leur impact positif sur la faune au-delà du simple gibier. “Sur les insectes, l’avifaune, les petits mammifères et les chauves-souris”, énumère Régis Wartelle, chargé de mission à la Chambre régionale d’agriculture. Après plusieurs années d’essais, cinq à six mélanges d’espèces sont aujourd’hui proposés aux agriculteurs, au choix selon l’objectif visé (favoriser le petit gibier, les insectes auxiliaires, préserver la qualité d’un cours d’eau…).

Depuis 1998, le dispositif étant bien rôdé, l’idée était d’étendre la démarche à d’autres aspects : le paysage, l’érosion et la qualité de l’eau. “Le bénéfice des jachères peut en effet être amoindri par d’autres pratiques de l’agriculteur. D’où l’intérêt de prendre en compte l’ensemble de l’exploitation agricole et l’intégralité des problématiques liées à l’aménagement du territoire.”

Des jachères faune sauvage
à une approche plus globale

Régis Wartelle, Chambre régionale de Picardie :
“Après plusieurs années d’essais, cinq à six mélanges d’espèces variétales pour jachère sont aujourd’hui proposés aux agriculteurs, au choix selon l’objectif visé”.

De 1998 à 2002, un travail a ainsi été mené auprès d’une trentaine d’exploitations de la région pour évaluer l’efficacité de leurs pratiques et tester certains aménagements (bandes fleuries en bord de route, réduction d’intrants en bord de culture…). “Depuis fin 2002, nous avons lancé l’opération « Gestion de territoire ». Nous proposons dans ce cadre un accompagnement complet de l’agriculteur volontaire, du diagnostic de son exploitation à la mise en place de pratiques et d’aménagements”, indique Régis Wartelle. Certaines actions peuvent être financées par une MAE, notamment la division des grandes parcelles. “Ces dernières sont néfastes à la biodiversité car elles réduisent « l’effet lisière ». Souvent, haies et talus sont supprimés. Les auxiliaires, qui pour certains passent l’hiver en bord de champs, ne peuvent pas coloniser intégralement les grandes parcelles : certains ne se déplacent que de quelques mètres par jour comme les carabes, qui mangent les limaces, développe Régis Wartelle. Nous expérimentons des mélanges fleuris pour le paysage et les auxiliaires, notamment pollinisateurs. Nous espérons proposer des solutions intéressantes d’ici un à deux ans.”

Expertise écologiste

Partenaire de la démarche “Gestion de territoire”, l’association Picardie Nature (affiliée à France Nature Environnement) assure depuis quatre ans le suivi de la faune, oiseaux essentiellement, sur une exploitation agricole du Santerre. “Nous voyons des espèces d’oiseaux se réinstaller grâce aux linéaires de haies mis en place”, se réjouit Laurent Gavory, vice-président de l’association. “Nous espérons maintenant que ce type de démarche va vite se généraliser à l’ensemble du monde agricole”, ajoute-t-il. C’est en marche !

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