euvent conduire à de graves troubles, mais pas seulement chez les hommes. La baisse de la biodiversité se révèle être, en effet, une sérieuse piste pour expliquer la surmortalité des abeilles. L’augmentation de la monoculture causerait la perte du cheptel apicole dans certaines régions : dans ces situations, les plantes fleurissent quasiment en même temps provoquant des périodes de disette pour les butineuses. À cela s’ajoute le manque de diversité de la ration alimentaire affaiblissant les insectes.
Pour améliorer l’état de santé des abeilles, des jachères dites “apicoles” ont été implantées par les agriculteurs un peu partout en France. Sensibilisés et aidés par les instituts agricoles, les relais départementaux du ministère de l’Agriculture, les sociétés semencières et phytosanitaires, ou encore des apiculteurs, des exploitants ont décidé de cultiver sur leurs jachères des plantes mellifères, avec des périodes de floraison permettant de couvrir les phases de carences et aux propriétés nutritives complémentaires. Sainfoin, mélilot blanc, trèfle hybride, phacélie, mais également trèfle blanc, lotier corniculé, vesce commune… ornent désormais les zones agricoles. “Ces jachères permettent à l’abeille de trouver une alimentation plus variée et équilibrée à chaque saison, et plus particulièrement au printemps et à l’été, explique Pierre Testu, responsable du réseau “Biodiversité pour les abeilles”. Les insectes utiles y trouvent également une diversité de fleurs.”
Ces jachères représentent néanmoins du travail supplémentaire pour les agriculteurs qui doivent suivre un itinéraire technique particulier. Et surtout un coût, le prix des semences variant en moyenne entre 40 et 50 euros l’hectare. Soit un surcoût de 20 à 30 euros par rapport à une jachère classique. Un groupe de travail, réunissant des syndicats agricoles, des apiculteurs, des semenciers, la société phytosanitaire BASF Agro, des associations céréalières, maïsicoles et oléagineuses (AGPB, AGPM et Cetiom respectivement), ainsi que l’association de coordination technique agricole (Acta), se réuniront en septembre pour étudier les voies de financement pour ces agriculteurs. Une des idées serait d’expérimenter le pouvoir mellifère des jachères faunes sauvages, déjà subventionnées par les associations locales de chasseurs. Plus adaptée serait la solution d’intégrer ces jachères dans les MAE, les mesures agri-environnementales. Car pour que les abeilles retrouvent une santé de fer, ces initiatives agricoles doivent dépasser le stade expérimental et prendre leur envol.