Les analyses ont porté sur des échantillons de pollen qui ont pu être récoltés en 2006 au sein des ruchers du Réseau biodiversité par les apiculteurs. Les résultats confirment une des convictions fortes du Réseau : les jachères apicoles constituent une source de pollen appréciée des colonies d’abeilles. Avec des implantations allant de 3 à 45 ha (plusieurs parcelles sur un même site), les jachères apicoles représentent de 0,1 % à 1,6 % de la zone de butinage potentielle des ruchers installés à proximité. Et, sur l’ensemble des quatre mois de relevés d’échantillons (de mai à août), les espèces implantées dans les ja-chères apicoles, pourtant sur de faibles surfaces, représentent en moyenne 43,2 % des sources de grains de pollen piégés dans les trappes.
Un pollen de phacélie apprécié !
Sur le site d’Orville dans le Loiret-, où les expérimentations connaissent- leur deuxième année, les résultats sont aussi prometteurs : les espèces des jachères apicoles, ne couvrant que 0,9 % de l’aire de butinage, représentent ici 44,9 % des sources de grains de pollen récoltés pendant les périodes de floraison. Une espèce, le sainfoin, semble avoir gagné les faveurs des butineuses. Celle-ci représente, en effet, la part la plus importante du pollen issu des fleurs des mélanges retrouvé dans les trappes. Sur la quantité totale de pollen récoltée entre le 15 mai et le 10 juillet, le sainfoin en apporte 35,1 %.
Un label “miel de jachères apicoles” ?“L’objectif des jachères apicoles est bien de renforcer les colonies d’abeilles, ceci pouvant entraîner une augmentation de la qualité ou de la quantité de miel récolté.”
Trois récoltes de miel au lieu de deux habituellement
Sur la zone d’Orville, en deuxième année d’expérimentation, tous les miels récoltés faisaient la part belle aux pollens des espèces des jachères apicoles. Les butineuses fréquentent donc les jachères, et plutôt deux fois qu’une ! Fait marquant de l’été 2006 : l’implantation des jachères apicoles autour du rucher d’Orville a permis de réaliser une récolte supplémentaire par rapport à 2005.
Ce ne sont plus deux récoltes mais trois qu’il faut comptabiliser ! Autre évolution majeure : la présence, dans les miels, des pollens d’espèces de jachères apicoles s’intensifie d’une année sur l’autre. Les pollens sont plus abondants et, en plus, s’étalent sur toute la période de production. En 2005, ils n’avaient été détectés que dans le dernier miel de l’année. Cerise sur le gâteau : la production de miel du rucher d’Orville a connu, en 2006, une augmentation de 7 % ! La zone témoin de Beaune-la-Rolande a, elle, vu sa production diminuer de 35 % sur la même période…
Dernier point spécifique au secteur d’Orville, il semble que le sainfoin ait fait des adeptes parmi les butineuses, puisque son nectar a été le plus visité. Le miel issu de ce nectar pourrait obtenir l’appellation “miel de sainfoin”, ce qui est un plus incontestable.
L’exemple des jachères faune sauvage
Le développement des jachères apicoles, dont l’intérêt ne fait plus aucun doute, passera par le dynamisme des acteurs concernés à trouver des partenaires pour assurer la durabilité de l’expérience. L’activité des fédérations des chasseurs est un exemple à suivre. Dans le cas des JEFS et des jachères fleuries, les chasseurs distribuent les semences aux agriculteurs ou leur accordent une compensation pour le surcoût lié aux travaux d’implantation et d’entretien de ces surfaces.
Une synergie entre jachères apicoles et jachères environnement faune sauvage serait profitable pour développer des couverts favorables non seulement aux abeilles mais aussi aux insectes et à la petite faune. Les collectivités territoriales pourraient subventionner de tels projets.
Apports des espèces de jachères apicoles sur le site d’Orville entre le 15 mai et le 10 juillet 2006