Le chanvre industriel est à l’origine de deux coproduits. Tout d’abord la paille valorisée après transformation dans la filière papier. La graine, elle, qui part essentiellement en Allemagne, est utilisée en oisellerie, pour la pêche, pour la production d’huile alimentaire – donnant une huile très riche en acides gras poly-insaturés et très facilement assimilable par l’organisme – voire technique. Mais Boris Rutili, P.-d.g. de Daifa Group mise beaucoup sur le développement de nouveaux créneaux qui n’en sont qu’à leurs débuts : les matériaux de construction(1) et les énergies renouvelables pour les centrales à biomasse notamment. “À partir des fibres qui sont à la périphérie de la tige, on peut réaliser par exemple des matériaux utilisables en plasturgie automobile, pour les tableaux de bord, explique Boris Rutili. Des matériaux qui ont l’avantage d’être moins lourds, moins coûteux et plus faciles à recycler. Et plus largement, le chanvre rentre tout à fait dans le cadre du Pôle « fibres naturelles » mis en place sur le Grand Est.”
Quant aux agriculteurs qui se sont lancés dans l’aventure, ils ont été séduits par l’aspect “écologique” de la culture, très peu gourmande en intrants. “Tout ce que j’ai mis, c’est 100 unités d’azote, rien d’autre, notamment pas de pesticides”, souligne Jean-François Thill, qui a implanté 3 ha de chanvre cette année sur son exploitation située en Moselle. Le chanvre est également une bonne tête de rotation, qui permet de sortir du traditionnel assolement colza/blé/orge caractéristique de la région. Si agronomiquement cette culture se révèle intéressante, il faut toutefois qu’elle lève deux obstacles é-co-no-miques pour pouvoir se développer : le coût des semences – obligatoirement achetées alors que, en colza par exemple, les agriculteurs utilisent
“Tout ce que j’ai mis, c’est 100 unités d’azote, rien d’autre”, souligne Jean-François Thill, qui a implanté 3 ha de chanvre cette année
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majoritairement des semences fer-mières – et celui de la récolte. Pour l’heure, c’est une machine venue d’Allemagne, munie d’équipements spéciaux, qui assure cette récolte. Le faible nombre d’hectares ne permettant pas l’achat d’une machine dans le cadre d’une Cuma par exemple. Ces deux éléments additionnés pénalisent donc la marge obtenue. Deux obstacles à contourner pour que l’on voie pousser au printemps, en Lorraine, cette plante au développement impressionnant, qui peut atteindre 2,5 à 3 m, trois mois seulement après le semis.