Les candidats à l’élection présidentielle face au défi

12 janvier 2007 - La rédaction 
Dans le cadre de l’élection présidentielle 2007, l’association nationale Farre (Forum de l’agriculture raisonnée respectueuse de l’environnement) a décidé de jouer pleinement son rôle de forum, c’est-à-dire de lieu de débats et d’échanges, en interpellant l’ensemble des candidats pour connaître leurs propositions en matière de développement durable en agriculture. Ainsi, 39 des 44 candidats ont accepté de s’exprimer. L’intégralité des contributions est publiée à l’occasion du Colloque annuel de Farre qui se tient le 8 janvier au Sénat.

Interrogés sur leur vision souhaitée du développement de l’agriculture française, l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle s’accorde à promouvoir une agriculture économiquement viable et respectueuse de l’environnement. L’intégralité des contributions est disponible sur le site internet www.farre.org dont voici ci-après un bref aperçu.

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<p class=S’il semble « aujourd’hui urgent, possible et nécessaire que l’agriculture franchisse une nouvelle étape qualitative, celle d’un plus grand respect de l’environnement » (Nicolas Dupont-Aignan, Debout la République), face à ce challenge, les choix des candidats divergent sur le dosage à apporter entre contrainte et incitation. Pour la très grande majorité des candidats, il convient avant tout de « mieux répartir les aides et les orienter en priorité en direction de celles et ceux qui font déjà beaucoup d’efforts » (Dominique Voynet, Les Verts). D’autres misent sur la baisse des subventions agricoles car « elle conduira nos agriculteurs à réduire leurs coûts de production et donc s’orienter d’eux-mêmes vers la voie du développement durable, par le biais de meilleurs investissements et d’une plus grande coopération » (Edouard Fillias, Alternative Libérale). Tandis que pour Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès), « il faut une politique de protection et d’aide au producteur » qui respecte l’environnement. Pour François Bayrou (UDF) « des aides directes peuvent s’avérer nécessaires pour compenser les pertes financières de certains agriculteurs tenus à des contraintes environnementales particulières ». Position également défendue par Frédéric Nihous (CPNT), pour qui « il faut développer des soutiens ou accompagnements spécifiques en reconnaissance du rôle de l’agriculteur dans l’espace rural et l’environnement ». Pour Pierre Lorrouturou (Urgence sociale), il convient de « très vite négocier une nouvelle Pac » afin de « se donner les moyens d’échanger à grande échelle les « bonnes pratiques » développées par un certain nombre de réseaux depuis quelques années ». Des « normes environnementales doivent s’imposer aux agriculteurs de façon concertée » (Yves Marie Adeline, Alliance Royale). Pour Olivier Besancenot (LCR), s’il convient de prendre en compte la protection de l’environnement, « les aides devraient également être conditionnées à des critères sociaux (maintien et développement de l’emploi paysan) ».
D’autres leviers existent pour accompagner le monde agricole vers plus d’écologie. Beaucoup de candidats insistent sur la formation des futurs agriculteurs et sur la nécessité « de développer la recherche et l’innovation » (Michel Baillif, Fnir). Par ailleurs, Marie George Buffet (Groupe populaire et antilibéral) juge « nécessaire de chercher à renchérir le coût des intrants ». Quant à Armand Galéa (Pour l’honneur de la France), il « s’engage à développer les biocarburants ». Pour Robert Baud (Majorité des minorités en souffrance morale et sociale), il convient de « promouvoir les marchés locaux » et pour Daniel Lacroze-Marty (Cesprimer), il faut « éduquer aussi bien les agriculteurs que les consommateurs ». Jean-Christophe Parisot (La force citoyenne et handicapée) globalise l’agriculture au territoire et développe la « notion de DRD, Développement rural durable ».
D’autres encore sont plus sceptiques sur les leviers possibles pour entraîner les agriculteurs vers le développement durable. Cela n’est pas possible au sein « d’une économie capitaliste de l’Union européenne garantissant la concurrence libre et non faussée » (Gérard Schivardi, candidat des maires). Cette agriculture durable « ne pourra émerger que d’une économie raisonnée, raisonnable et rationnelle, c’est-à-dire une économie dont le moteur ne soit plus le profit privé » (Arlette Laguiller, LO). « Des règles de culture très strictes et très protectrices de la nature ne seront viables que dans une zone européenne protégée par la préférence communautaire avec des prix rémunérateurs » (Philippe de Villiers, MPF).
Pour Roland Castro (Muc), « les actions locales de protection de l’environnement en agriculture peuvent entraîner une certaine sensibilisation et dynamique, mais l’écologie doit être traitée au niveau de la planète tout entière ». Il est rejoint dans cette réflexion par Rachid Nekkaz (Club des élus allez la France) qui souhaite « la création d’un conseil de sécurité écologique au niveau de l’ONU ». En totale opposition avec Jean-Marie Le Pen (FN) qui estime que « les questions agricoles et environnementales, loin de toute globalisation, doivent n’être traitées que dans le cadre national ».

Pour un développement durable en agriculture, beaucoup de candidats souhaitent le « développement de la pratique de l’agriculture raisonnée » (Zakaria Ben Mlouka, Un essor nouveau pour la France). Nicolas Sarkozy (UMP) estime que « l’agriculture raisonnée peut devenir, sur une base volontaire, le mode de production dominant ». Il semble à Ségolène Royal « que la qualification Agriculture Raisonnée des exploitations agricoles est une étape intéressante pour améliorer les pratiques agricoles, mais aussi pour améliorer la perception du monde agricole par les non ruraux ». De son côté, Corinne Lepage (Cap 21), reconnaît que l’agriculture raisonnée « constitue un progrès », même si elle la juge insuffisante.
Pour beaucoup de candidats, l’agriculture biologique doit être soutenue et encouragée car « largement plébiscitée par les Français » (Jean-Michel Jardry, CNI), voire constituer la seule alternative avec l’objectif d’aboutir à « 100 % de bio accessible à tous dans les 10 ans » (Jean-Marc Governatori, Le France en action) afin de « réduire à terme tous les procédés chimiques » (Christian Garino, Espéranto Liberté). Cette agriculture est souhaitée pour ses atouts en matière « de santé, de préservation des écosystèmes, de biodiversité, ou encore d’autonomie alimentaire et énergétique et dans une perspective de relocalisation de l’économie » (Antoine Waechter, MEI).
France Gamerre (GE) milite pour « la création d’un label alimentaire garantissant le bien-être de l’animal d’élevage, visant à améliorer les conditions de vie, à faire reculer l’élevage en batterie, le manque d’espace vital et d’hygiène ».
Enfin, concernant les organismes génétiquement modifiés, ils divisent les candidats. Certains ne rejettent « pas d’emblée les OGM, qui peuvent constituer une solution alternative aux pesticides » (Franck Abed, Réconciliation nationale), quand d’autres prônent « leur interdiction totale » (Yves Aubry, Pour votre bonheur) ou renvoient la décision au résultat d’un référendum sur le sujet (Yvan Bachaud, Mic).

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