Limiter la consommation du matériel en carburant

2 mars 2007 - La rédaction 
Le carburant représente jusqu’à 30 % du coût horaire d’un tracteur. La hausse du prix du fioul encourage à trouver des solutions pour réduire la consommation.
En voici quelques-unes.

1) Réduire la durée des travaux

La première économie ne réside-t-elle pas dans la réduction du temps des travaux ? Le recours aux techniques culturales simplifiées (TCS) est généralement une solution. Bien sûr, toutes les cultures et tous les sols ne sont pas forcément adaptés à ces itinéraires culturaux.
Il peut dès lors être opportun, au sein de la rotation, d’alterner labour et non labour en fonction de l’assolement choisi. Attention, dans ce cas, à la consommation en produits phytosanitaires, car les mauvaises herbes profitent souvent du non-labour pour s’étendre. Le pâturage reste, quant à lui, plus économique que la récolte de foin.

Conduire “économique”, c’est aussi enlever les masses lors des déplacements sur la route.
2 ) Choisir le tracteur dont on a réellement besoin

Au sein d’une même gamme de tracteurs, le surcoût lié à un modèle de puissance supérieure peut être faible, mais plus la puissance de l’engin est importante, plus il consommera. Lors de l’achat, il est toutefois difficile de se faire préciser la consommation horaire. N’hésitez donc pas à vous renseigner auprès d’autres utilisateurs et à orienter votre choix en fonction des types de travaux à réaliser et des outils à tracter.

3 ) Apprendre à conduire à l’économie

Les tracteurs doivent être utilisés à leur meilleur rendement. Le régime le moins élevé possible se situe entre 1 700 et 1 900 tr/min, pas plus. Au-delà, les écarts de consommation sont importants. Un exemple : en travaillant à 300 ou 400 tr/min en dessous du régime maximal, une économie de 1,5 à 2 l/h de carburant dans le cas d’un labour est possible.
La consommation optimale dépend toutefois du modèle du tracteur et des conditions de travail. Conduire “économique”, c’est aussi enlever les masses lors des déplacements sur la route. En effet, plus un engin est lourd, plus il aura besoin d’énergie et donc de carburant pour se déplacer. Même si l’opération peut paraître fastidieuse, il est conseillé d’enlever les lestes lorsqu’ils ne sont pas utiles. La pression des pneus joue aussi un rôle. Un sous-gonflage ou un gonflage excessif peut augmenter la consommation de carburant jusqu’à 5 %.
Dans l’idéal, la pression devrait non seulement être adaptée aux types de terrain, mais également aux travaux à réaliser : pneus gonflés au maximum pour les déplacements sur route et sous-gonflage pour les travaux aux champs. En pratique, réglez la pression selon l’utilisation du tracteur (transport ou travaux aux champs).

4 ) Entretenir son matériel

Nettoyer et changer les filtres régulièrement, régler la pompe à injection, nettoyer le circuit de refroidissement… font partie des entretiens courants d’un moteur et restent indispensables pour éviter une surconsommation de fioul. En effet, si le filtre à air est colmaté, l’aspiration est moins importante. Or, une réduction de 10 % de l’air aspiré conduit à une surconsommation de fioul de l’ordre de 7 %. Ce chiffre peut passer à 22 % pour 20 % d’air aspiré en moins.
“Le passage au banc d’essais reste un bon moyen pour détecter et corriger ces anomalies, rappelle Romain Blanjacquier, technicien à Aile (1). Je conseille de tester les tracteurs neufs avant 1 000 heures : cela permet de détecter les mauvais ré-glages et d’y remédier alors que l’engin est encore sous garantie. Dans le cas d’un tracteur neuf, nous vérifions si les performances sont conformes à celles annoncées par le constructeur.” Les essais permettent aussi de mieux connaître le comportement du moteur pour une conduite économique puisque le passage au banc d’essais donne les consommations horaires en fonction du régime moteur. Lors des essais, le tracteur est immobilisé pendant à peine une heure.
À la fin, l’agriculteur repart avec un bilan où sont précisées les opérations correctives à mettre en place si besoin ainsi que différents conseils de conduite. Par le biais de Aile, les tests coûtent 115 € TTC. “En faisant le point sur l’état du matériel on ne perd pas d’argent, poursuit-il. Car dans les faits, plus d’un tracteur sur deux surconsomme du carburant”. (cf. encadré)
Enfin, faites le plein du tracteur lorsqu’il est encore chaud afin de limiter la condensation donc l’encrassement du filtre à fioul.

5 ) Utiliser un carburant de qualité

Avant la livraison, vérifiez l’absence d’eau et d’impuretés dans la cuve. Son nettoyage doit être régulier : à l’extérieur pour éliminer les sédiments autour de l’orifice de remplissage et à l’intérieur, tous les cinq ans. Purger les cuves permet par ailleurs d’éliminer l’eau condensée. Un fioul de qualité favorise une combus-tion complète, homogène et à fort rendement. L’ajout d’additifs dans la cuve, avant le remplissage, améliore la qualité des carburants. L’installation d’un filtre à fioul en sortie de cuve pour purifier le carburant multiplie par deux les intervalles d’entretien.

(1) Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement.
Zoom dans la Creuse
Dans la Creuse, les centres de Gestion ont mené une étude pour comparer le poids du poste carburant-lubrifiant au sein des exploitations du département. “Les conclusions sont assez surprenantes, note Pierre Lépée de la Chambre d’agriculture. Un exemple : pour deux exploitations similaires (SAU, nombre d’animaux…) en production de broutards limousins, cette valeur peut aller de 1 600 à 5 700 €/an. Ce qui fait la différence, c’est avant tout la traction disponible. Plus il y a de « ch/ha », plus la consommation sera importante”. Ceci montre que certaines exploitations sont suréquipées non seulement en matériel mais aussi en puissance par engin.

Économiser jusqu’à 900 l de fioul par an
“Une fois les réglages du moteur réalisés et en adaptant sa conduite, il est possible d’économiser en moyenne 1,5 l de fioul à l’heure soit, pour un tracteur de 100 ch effectuant 600 heures de travaux, jusqu’à 900 l de fioul par an, constate Romain Blanjacquier de Aile, l’association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement, basée à Rennes. Sans oublier que cette économie s’accompagne d’une non-émission de 2,5 tonnes de CO2. Entre 1995 et 2004, près de 5 500 machines ont été testées par Aile.”

Il ressort que :
40 % des tracteurs sont sur-puissants
2 % manquent d’entretien courant (filtres colmatés)
20 % ont un problème de combustion
20 % ont des injecteurs en mauvais état
50 % ont un débit de pompe d’injection mal réglé
plus de 50 % sont suralimentés en carburant
plus de 50 % ne correspondent pas aux puissances annoncées par les constructeurs

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