Organiser la lutte par bassin-versant permet de connaître le rôle de chaque parcelle dans l’écoulement de l’eau et de repérer les zones à aménager en priorité. Se concerter, c’est aussi répartir les cultures en fonction de leur capacité filtrante et de mettre en place des haies, des bandes enherbées… dans les lieux stratégiques. Certaines parcelles devant impérativement jouer le rôle de “frein”.
La réalisation d’aménagements hydrauliques permet de freiner l’eau et de favoriser la sédimentation des particules de terre. Nicolas Coufourier, de la Chambre d’agriculture de Seine-Maritime (76) conseille la mise en place de talus, de fossés, de rigoles, de haies, de mares tampons pour canaliser les eaux vers les ouvrages de stockage… ou encore de fascines de saules, de véritables remparts végétaux, de 10 à 15 m disposés perpendiculairement à l’écoulement des eaux.
Couvrir les sols en hiver, les rend moins vulnérables aux pluies. Les résidus de cultures restent alors en surface. L’enherbement des fourrières et des fonds de talwegs permet aussi de freiner l’eau. Dans les zones d’élevage, il est important de conserver des prairies car sur ces parcelles, le coefficient de ruissellement de l’eau est moindre et les particules de limons sédimentent davantage.
L’objectif est de travailler grossièrement le sol lors des semis pour éviter les préparations trop fines, favorables à la formation de croûte de battance. “Travaillez dans un sol bien ressuyé, n’utilisez que des outils à dents, limitez le nombre de passages et roulez avec des pneus larges et basse pression”, complète Nicolas Coufourier. Pour les implantations à interrangs larges (maïs, betterave, pomme de terre…), le binage est recommandé dès que la croûte de battance se forme.
Maintenir une teneur en matière organique suffisante dans les horizons supérieurs du sol permet d’augmenter la stabilité de la structure. Le ressuyage est plus rapide et le sol résiste mieux à l’impact des gouttes de pluie. Ne pas exporter la matière organique.
En céréales, les bandes tassées double semis permettent d’avoir un maximum de racines dans une zone où la retenue de l’eau est capitale. Cette technique ne convient pas aux zones à forte pente. Pour les parcelles où les cultures de printemps se succèdent, le semis de ray-grass sous couvert de maïs est une bonne solution pour limiter le lessivage à l’automne.
“Depuis deux ans, nous testons, sur une cinquantaine d’hectares, un prototype de machine, installée derrière la planteuse de pommes de terre qui permet de « construire » des microbarrages, tous les 1,5 m, entre les buttes, explique Charles Corruble du l’ARPTHN (1). Ces édifices canalisent et retiennent l’eau, évitant ainsi le ruissellement. Quelques adaptations restent à faire comme trouver un moyen d’enlever ces barrages qui peuvent gêner le chantier de récolte”.