Le Chêne liège pousserait au delà de la Loire en 2107 ! Fiction ou réalité ? L’Inra de Nancy s’est penchée sur le possible sort d’espèces forestières subissant le changement climatique.
Quel sera l’impact des changements climatiques sur les aires de répartition des espèces forestières ? Tel est l’axe de travail d’une équipe de l’Inra de Nancy qui utilise dans ce cadre les valeurs climatiques estimées par un modèle Météo-France, basé sur un scénario d’augmentation de la température moyenne de + 2,5 °, et sur les données de l’Inventaire Forestier National. Parmi les cinq espèces d’arbres étudiées par les chercheurs nancéens, deux exemples illustrent bien les changements profonds que pourraient subir nos paysages en un siècle : le chêne vert et le hêtre.
Ainsi pour le chêne vert (Quercus ilex L.), espèce emblématique de la région méditerranéenne, lorsqu’on remplace, dans le modèle, les variables climatiques actuelles par celles estimées pour la fin du siècle, on constate une nette extension de son aire habituelle. Le modèle révèle notamment qu’en 2100, la niche climatique de ce dernier pourrait dépasser la latitude de la Loire. Cet exemple du chêne vert peut d’ailleurs être transposé à la grande majorité des espèces méditerranéennes : l’olivier, le pin d’Alep, le pin parasol, le cyprès toujours vert.
Cartographie actuelle du chêne vert
Cartographie du chêne vert en 2100
Autre arbre emblématique, le hêtre commun (Fagus sylvatica L.) est présent dans toute l’Europe occidentale moyenne. D’un point de vue écologique, cet arbre a besoin d’une humidité atmosphérique élevée, avec des précipitations annuelles supérieures à 700 mm. Mais, à l’inverse du chêne vert, son aire de répartition potentielle d’ici une centaine d’années pourrait fortement régresser à cause de plus fortes températures en été et d’une baisse des précipitations. Le même phénomène pourrait être observé pour les espèces montagnardes : mélèze, sapin, épicéa, etc.
Cartographie actuelle du hêtre
Cartographie du hêtre en 2100
En admettant que le scénario utilisé reflète bien le climat de 2100, ces résultats ne constituent toutefois pas pour les chercheurs une prévision sûre pour nos forêts. En effet, il reste encore beaucoup d’incertitudes sur le comportement des essences forestières : seront-elles capables de s’adapter à la compétition avec de nouvelles espèces ? Quels seront les équilibres avec les nouveaux cortèges de pathogènes et de symbiotes ? Quel rôle jouera la variabilité génétique ? Quelles seront les capacités des espèces à coloniser de nouvelles niches climatiques ?