Il existe bien sûr des marges de progrès dans ce domaine mais aussi sur les dossiers de l’énergie consommée par l’exploitation ou les gaz à effet de serre induits par la production agricole. Nous travaillons sur l’ensemble de ces sujets et nous progressons année après année.
Nous arriverons à atteindre nos objectifs, voire à les dépasser. En revanche, il ne faut pas qu’ils soient imposés de façon arbitraire sans prendre en compte la réalité de l’agriculture, l’ensemble des aspects économiques et la concurrence internationale au niveau des fournitures de matières premières agricoles. N’oublions pas que l’économie est également au cœur de l’agriculture durable.
Comment concilier une agriculture « nourricière » et une agriculture « énergétique » ? Doit-on d’ores et déjà envisager une limitation de la production en biocarburant ?
Xavier Beulin : La mission première de l’agriculture est de nourrir les hommes. L’objectif d’incorporation de 7 % de biocarburants fixé par la France en 2010 est atteignable sans causer de déséquilibre puisque les cultures ne couvriront que deux millions d’hectares. Et en ce qui concerne le Diester, sur un marché des huiles alimentaires saturé en Europe, ce biocarburant constitue un débouché supplémentaire pour les graines de colza et de tournesol.
N’oubliez pas qu’en même temps, nous générons davantage de tourteaux, coproduits de nos graines, ils remplacent le soja importé pour l’alimentation animale et garantissent aux éleveurs, donc aux consommateurs, des matières premières d’origine locale et de qualité. Il n’y a donc pas pénurie mais bien des disponibilités supplémentaires. Cela peut sembler paradoxal, mais plus on produit de Diester, plus on améliore l’offre de matières premières destinées à la nutrition animale.
Une agriculture productive et durable pourra-t-elle se passer des OGM ?
Xavier Beulin : Difficilement, en refusant les OGM, nous nous privons non seulement d’un réel potentiel de productivité mais aussi d’un progrès en termes environnemental et qualitatif. La France ne peut pas raisonnablement faire le choix de l’interdiction des OGM au risque de mettre son agriculture en grande difficulté. Désormais, la France doit donc rapidement se doter d’une législation claire et précise pour encadrer les cultures OGM.
Cela doit se faire également en prenant en compte le marché. Sachant que l’Europe est dépendante à plus de 70 % de protéines végétales importées, souvent de tourteau de soja OGM, comment la France peut-elle faire le poids seule quand les grands acteurs mondiaux ont accepté ces cultures.