Biodiversité : de la prise de conscience aux propositions d’action

10 janvier 2008 - La rédaction 
Dans un rapport remis en décembre 2007, deux sénateurs établissent un état des lieux alarmant de la biodiversité dans le monde et en France. Ils appellent surtout à une mobilisation des citoyens et des politiques.

La biodiversité est en péril. Les sénateurs Pierre Laffitte (Rassemblement démocratique et social européen) et Claude Saunier (PS) placent cet enjeu au même niveau de risques pour la planète que le changement climatique. Dans un rapport remis en décembre 2007, ils dressent un état des lieux et appellent surtout à une mobilisation des citoyens. Pour eux, il faut aller plus loin que ce que propose le Grenelle de l’environnement. Ils échafaudent dix mesures pour enrayer le déclin des espèces.

La biodiversité ordinaire serait aussi menacée.

Accélération de l’extinction des espèces
La communauté scientifique s’accorde sur le fait que depuis la première révolution industrielle, le rythme de disparition des espèces a été, suivant les celles considérées, de 10 à 100 fois supérieur au rythme naturel des extinctions. D’ici à 2050, celui-ci devrait s’accélérer considérablement et devenir 100 à 1.000 fois supérieur. Les premiers témoins de cette spirale négative sont les dégâts observés sur les coraux et les zones forestières humides (13 M d’ha coupés par an dont 6 M de forêt primaire alors que ce milieu héberge 50 % de la flore mondiale). La biodiversité ordinaire est aussi menacée en France. Sur le territoire, 165 ha de milieu naturel sont détruits chaque jour à des fins diverses et le nombre d’espèces invasives a augmenté de 50 % en 4 ans (102 en 2002, 153 en 2006).

Compenser les pertes
Pour les sénateurs, les solutions scientifiques et technologiques existent pour réduire les pressions et anticiper les menaces. En France, la contention progressive de ces destructions d’espaces dépend des politiques et actions déjà enclenchées. Pour preuve, la réforme de la loi sur la protection de la nature de 1976 visant à compenser toute destruction de zone naturelle par une restauration d’autres surfaces. Au-delà de l’enjeu écologique, de telles actions sont d’autant plus justifiées qu’elles ont un impact économique.
Les services rendus par la biodiversité ont été évalués. Ainsi, le chiffrage a été établi en 1997 à 33 Md de dollars, soit un montant analogue à celui du PIB mondial aujourd’hui. L’humanité récupère gratuitement l’équivalent de ce qu’elle produit. A l’échelle française, la création d’un marché de compensation des destructions d’espaces naturels pourrait être, selon les rapporteurs, activée par le principe du polleur-payeur. A l’échelle européenne, le renforcement des mesures agro-environnementales (second pilier de la Pac) doit favoriser les actions en faveur du respect de la biodiversité. Un nouveau contrat pourrait aussi être établi avec les agriculteurs en confiant à l’Inra et au Cemagref une mission pour activer l’introduction d’une agriculture de haute précision, « moins nocive pour les écosystèmes et plus productive » indiquent-ils.
Les sénateurs mettent aussi l’accent sur le dispositif de conservation et de développement des semences. Ils préconisent plus d’alliance avec les initiatives réalisées au niveau mondial et plus de souplesse sur la vente des espèces anciennes non inscrites au catalogue.

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