De plus, elles aèrent et restructurent le sol, tout cela en étouffant les mauvaises herbes. « Au départ, nous n’implantions des couverts qu’avant le maïs, se souvient Philippe Pastoureau, agriculteur dans la Sarthe. Aujourd’hui, ils sont partie intégrante de l’assolement. » Comme en cuisine, les bons ingrédients sont à trouver pour aboutir à la recette idéale. Et en termes de couverts, cela passe souvent par des mélanges, l’idée étant de profiter des atouts de chaque espèce. Alors que les plantes à pivot (tournesol, navette) exploreront le sol en profondeur, les espèces dites de couverture (phacélie, radis) coloniseront la surface et étoufferont les mauvaises herbes. Certaines sont, de plus, favorables à l’alimentation des abeilles. Les légumineuses (pois fourrager, vesce, trèfle) équilibreront le rapport carbone- azote grâce à l’azote capté naturellement dans l’oxygène.
Une source de nourriture pour les animaux
En moyenne, Philippe Pastoureau mélange quatre espèces. Le choix de ces dernières dépend du rôle que les couverts auront à jouer. Entre deux blés par exemple, ils devront agir rapidement et être faciles à détruire, de préférence mécaniquement, pour limiter l’utilisation du glyphosate.
Tournesol, vesce et radis conviennent dès lors très bien, d’autant que ces cultures créent une rupture de cycle entre les deux graminées. Entre un blé et un maïs en revanche, la stratégie est différente car le temps dont disposent les couverts pour agir est plus long. Il est alors possible de les valoriser en dérobées : implanter un ray-grass, une avoine ou une vesce qui sera, dès le mois d’avril destiné aux animaux reste une stratégie très rentable.
Pour tous les adeptes des couverts végétaux, cette option rime avec l’absence de labour. « Il est en effet capital de remplacer le passage de la charrue par autre chose, pour que la vie souterraine prenne le relais du travail du sol, poursuit Philippe Pastoureau. Chaque année, je remets en cause mes pratiques car, selon la rotation et le climat, la stratégie à mettre en place diffère. Voilà pourquoi il est bénéfique de se regrouper, d’échanger sur les expériences et de comprendre les échecs. C’est le rôle de l’association Base (1) à laquelle j’adhère. » Le nombre d’agriculteurs intéressés par ce type de pratiques augmente d’ailleurs chaque année. Et puis, recourir aux couverts végétaux, c’est aussi agir pour maintenir et favoriser une certaine biodiversité dans ses sols tout en cherchant à rétablir les équilibres, essentiels à la bonne santé des cultures. C’est ce que certains appellent « l’agriculture de conservation ». Pour d’autres, il s’agit simplement d’observer les réactions des cultures. Du bon sens.
(1) Bretagne agriculture sol et environnement.
Faisabilité | |
Peu onéreux | Réalisable |
Reconnaître les maladies et identifier les parasites est la base du métier d’agriculteur. Mais comprendre pourquoi telle mauvaise herbe est là, pourquoi tel symptôme se développe, donne une autre vision de la lutte contre les parasites. « Dans la nature, chaque plante a un rôle, aucune n’est là par hasard, explique Philippe Pastoureau. Est-ce un problème de structure du sol, de pH ? Voilà pourquoi nous mettons en place deux ou trois essais en moyenne par an. Cela nous donne aussi l’occasion d’expérimenter de nouvelles espèces (nyger, avoine brésilienne…) et de nouveaux mélanges. »
La mise en place de couverts végétaux se raisonne à l’échelle de la rotation et non à l’année.
L’impact positif de ces cultures, d’un point de vue agronomique et environnemental, se révèle au fil des campagnes.