Un compost inodore, hygiénisé, bio
Ce projet, de près d’1,5 million d’euros a mis deux ans à voir le jour. L’inauguration du site, localisé à Naizin, a eu lieu en novembre 2004 et, depuis, le système semble bien rodé.
Les lisiers sont réceptionnés dans une fosse et mélangés, au fur et à mesure des besoins, aux déchets verts. Ces derniers varient selon la saison : taille de haie, tonte, sapins de Noël, fruits, légumes, etc. Tous les déchets « compostables » sont acceptés. Certains arrivent déjà broyés : d’autres le sont sur place. Selon la texture du mélange, l’ajout de paille est parfois indispensable, en avril et mai par exemple, quand les déchets de tonte sont très importants. La phase de compostage dure de 3,5 à 4 mois : les andains sont retournés toutes les semaines. La ventilation forcée par couloirs souterrains permet une bonne oxygénation du tas : la fermentation est ainsi contrôlée et la qualité du compost demeure homogène. À l’issue de cette étape, le mélange est criblé, pour séparer les éléments fins des plus grossiers, puis stocké, en attendant son expédition. Le compost obtenu, inodore et hygiénisé, est exempt de bactéries, de graines ou d’adventices. « Il est d’ailleurs conforme à la norme NFU 44051, possède un agrément bio, et répond à la charte qualité Ecocert, précise Jean-Marc Onno. Nous travaillons beaucoup le côté normes et traçabilité, car il nous paraît capital de nous engager, auprès de nos clients, d’un point de vue qualitatif. »
Pas question de s’agrandir
Ce compost est vendu aux agriculteurs du littoral, déficitaires en matières organiques, aux paysagistes, aux pépiniéristes et aux municipalités locales, pour remplacer l’azote chimique. Une vente sur le site, destinée aux particuliers, est aussi réalisée régulièrement. L’idée d’ensacher le compost pour le rendre plus facile à transporter est déjà lancée. Le projet évolue au fil des campagnes. « Suite à quelques remarques de voisinage, nous cherchons à améliorer le processus de compostage pour réduire les nuisances olfactives. » Quant à la volonté de s’agrandir, la réponse est claire. « Pas question, affirme le cogérant. Nous avons à l’heure actuelle une réelle synergie de groupe, une très bonne entente. Nous sommes onze agriculteurs complémentaires. Intégrer de nouveaux adhérents risquerait de mettre le groupe en péril. » Réceptionner davantage de lisiers impliquerait aussi d’intégrer plus de déchets verts. Or, pour l’heure, Arvor Compost reste encore très dépendante de ces tonnages. Car dans ce domaine, tout fonctionne par appels d’offres, et il s’avère parfois difficile de décrocher les marchés. À ce jour, les comptes de la société sont stables et les bénéfices quasi inexistants. Anne Gilet
Faisabilité | |
Onéreux | Réalisable |
• L’équipe
11 exploitations agricoles : de 150 à 280 truies pour 70 à 80 ha chacune.
4 des 11 agriculteurs sont cogérants.
2 salariés à temps-plein pour la rédaction des appels d’offres, le secrétariat, la facturation…
• Le site
Un hangar de compostage de 60 m x 45 m.
Un hangar de stockage de produit fini : de 1 200 à 1 500 t.
• Les investissements
1,5 million d’euros dont 38 % de subventions : 700 000 Ä pour l’achat du terrain, des bâtiments, l’installation de la lagune, la pose de goudron sur 1,5 ha… 800 000 Ä pour l’achat de matériel (broyeur à végétaux, cribleuse, retourneur, tracteur de 220 ch, chargeur…).
• Les tonnages
10 000 m3 de lisier associés à 300 t de paille et 17 000 t de déchets verts.
• Le compost
Par tonne brute de compost : 15 kg d’azote, 8 kg de phosphore, 15 kg de potasse, 18 kg de CaO et 4 kg de MgO.
« Une brouette de déjection par vache et par jour représente à peu près la quantité d’effluent qu’un éleveur de bovins a à gérer. » Éleveur de 150 vaches de race Normande (lait et viande) et de Blondes d’Aquitaine (viande), dans la Manche (50), Sébastien Lecoustey a revu toute l’organisation de ses bâtiments entre 1990 et 2000 dans le cadre du Programme de maîtrise des pollutions agricoles (PMPOA*). Un objectif : éviter toute fuite de déjections vers l’extérieur. Dans ce cadre, une fosse étanche a été construite derrière la salle de traite pour collecter tous les rejets liquides (déjections, eaux de lavage, etc.). L’étable a été entièrement paillée, de façon à ne collecter que du fumier solide qui, après deux mois de stockage sur l’exploitation, peut être déposé au champ sans risque de pollution, en attendant son épandage. « Aujourd’hui, toutes les déjections produites sur l’exploitation sont recyclées en engrais sur les cultures et je n’achète pratiquement plus d’engrais minéral », se réjouit Sébastien Lecoustey.
* PMPOA : Démarche volontaire permettant aux producteurs de mettre aux normes leurs élevages avec la possibilité d’obtenir des subventions pour le diagnostic et les travaux à réaliser sur l’exploitation.