L’herbe à la loupe

17 avril 2008 - La rédaction 

Ressource à faible coût, reconnue pour ses qualités environnementales et paysagères, l’herbe à tout pour plaire aux éleveurs et aux écocitoyens. Mais, nourrir ses vaches à l’herbe demande beaucoup de compétences. A l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), plusieurs unités étudient de près l’herbe, la vache et ses produits. Objectif : accompagner les éleveurs dans leur utilisation des prairies.

Les troupeaux allaitants ou «races à viandes» qui représentent la moitié du cheptel bovin français se situent principalement dans les zones herbagères du Massif Central, des Pays-de-la-Loire ou encore des Vosges.


Un apport nutritionnel à surveiller

Si la vache est un bon transformateur d’herbe, l’apport nutritif d’une prairie est très variable en fonction des espèces qui la composent et de l’ingestion au pâturage par l’animal. Pour prévoir les quantités d’herbe ingérées par les vaches en fonction des conditions de pâturage, les chercheurs de l’Inra ont mis au point un modèle, nommé Grazeln, intégrant ces différents paramètres. Ils ont aussi étudié les relations sociales au sein du troupeau où les plus jeunes apprennent à choisir leur alimentation entre de nombreuses espèces végétales.

Haute valeur environnementale
Sans élevage, pas de prairie ! Des mesures de soutien à l’élevage extensif ont été mises en place dès 1992 par la politique agricole commune pour maintenir les surfaces de prairies, en déclin depuis 50 ans. Un début de reconnaissance pour l’élevage herbager qui assure un ensemble de services au bénéfice de l’agriculture et de l’environnement : maintien des paysages, contribution à l’attractivité des territoires, et fonctions environnementales positives. Car les prairies participent à la préservation de la qualité des eaux et des sols, sont des réservoirs de biodiversité, et stockent du carbone qui compense en grande partie les émissions de méthane des bovins au pâturage. Les chercheurs se penchent d’ailleurs sur la microbiologie du rumen des vaches pour trouver des moyens de diminuer l’émission de méthane pendant la digestion.

Ecologie rime-t-elle avec économie ?

Dans les élevages à base d’herbe, les prairies sont peu fertilisées, peu traitées. Une partie de la récolte est faite directement par le troupeau quand il pâture. Cette économie réalisée en intrants et en matériel compense une production plus faible mais nécessite un peu plus de surface que dans les systèmes reposant sur une forte part de céréales et de maïs. Alors dans ce cas, pourquoi ces systèmes ne se généralisent pas ? Pour l’économiste Michel Lherm, il s’agit d’une part d’un manque de connaissance des éleveurs, parfois de freins techniques mais aussi d’un manque de soutiens publics.

Un brin d’herbe dans les produits
Plus jaunes, moins fermes, plus typés ! C’est ainsi que les dégustateurs caractérisent les produits laitiers issus de vaches nourries à l’herbe. Et les AOC et autres indications d’origine tablent sur l’alimentation à l’herbe pour concrétiser le lien au terroir. L’Inra a par exemple montré que les prairies d’altitude présentant une forte diversité botanique conduisent à des fromages ayant une flaveur plus forte que des fromages issus de prairies de plaine. Si l’effet est moins net sur la qualité sensorielle de la viande, des études ont mis en évidence une augmentation de la teneur en acide gras polyinsaturés (dont les omégas 3) chez des bœufs et taurillons aux régimes à base d’herbe, comparativement à des régimes riches en céréales.

Pour testez vos connaissances sur les herbivores et la prairie, voici un petit test créé par l’Inra :

http://www.inra.fr/quiz_prairies_herbivores

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