André Pflimlin – « Affiner le diagnostic de la FAO »

9 mai 2008 - La rédaction 

Si nous sommes d’accord pour l’essentiel avec le diagnostic de la Fao sur les impacts environnementaux de l’élevage au niveau mondial (Livestock Long Shadow, 2006), ce diagnostic n’est pas pour autant transposable tel quel à l’Europe. Par ailleurs, nous sommes en désaccord avec les principales solutions proposées qui consistent principalement à favoriser l’élevage industriel des monogastriques (porcs et volailles) pour répondre à un doublement de la demande de produits carnés attendu pour 2030.

André Pflimlin, Institut de l’élevage

Avant d’en arriver à des recommandations politiques pour l’Europe, notamment dans le cadre du bilan de santé de la Pac, il est nécessaire de raisonner par zones géographiques, de partir des atouts et contraintes des régions tant pour les milieux que pour les produits, pour mieux cerner la place des herbivores. D’ailleurs, la DG Agri de la Commission Européenne, interpellée par des parlementaires et par nous-mêmes, va financer sur 2008 – 2009 une réévaluation du bilan de la Fao sur la base des mêmes critères mais appliqués à l’Europe, avec l’appui d’un groupe d’experts des différents pays. Le bilan gaz à effet de serre intégrera le stockage de carbone sous prairie et nous espérons qu’il ira plus loin dans l’analyse en faisant des bilans par type de système d’élevage.
En parallèle, la demande croissante pour les céréales et l’augmentation du coût de l’énergie permettra peut être de revaloriser l’élevage herbivore des zones défavorisées, pastorales ou herbagères qui utilisent des surfaces non labourables et qui ont par ailleurs des impacts positifs forts sur l’environnement et les territoires européens.

 
Monde (diagnostic FAO)

Europe

Gaz à effet de serre et déforestation 34 % des émissions sont attribués au changement d’utilisation des terres, notamment la conversion de forêt en pâturages ou en cultures de soja en Amérique du Sud. Les éleveurs de bovins européens peuvent se passer du soja brésilien et ne souhaitent pas voir se développer une concurrence de viande à bas prix d’Amérique du Sud. Par ailleurs, les prairies pérennes qui constituent la base des systèmes d’élevage herbivores peuvent, stocker autant de carbone dans le sol que la forêt.
Compétition alimentaire L’alimentation des animaux à base de céréales entre en concurrence avec l’alimentation humaine. La transformation alimentaire des bovins est inefficace : 1 kg de viande bovine utilise 7 kg de céréales. En Europe, les bovins valorisent pour environ 60 % de leur ration en moyenne, l’herbe de surfaces non labourables. Le chiffre de 7 kg de céréales pour 1 kg de viande bovine correspond à quelques systèmes très intensifs et uniquement pendant les derniers mois d’engraissement. En fait la quantité moyenne de céréales par kilogramme de viande bovine totale est proche voire inférieure à celle nécessaire pour faire un kg de porc ou de poulet.
Eau (utilisation et pollution) Le développement d’élevages industriels (porcs et volaille), notamment en Asie du Sud Est, pose de gros problèmes de pollution de l’eau, en l’absence de réglementations environnementale. L’Europe a mis en place une réglementation sur la qualité de l’eau qui est en cours d’application et qui limite fortement les risques de pollution mais représente aussi un surcoût pour les éleveurs.
Eau / Quantité L’alimentation des animaux est produite de façon intensive en utilisant l’irrigation. En Europe, l’essentiel de la production de lait et de viande de ruminants dépend peu de l’irrigation même si dans certaines régions, notamment dans le Sud de l’Europe des systèmes de production à base de maïs irrigué tendent à remplacer les systèmes traditionnels. Sur ce point, il faut rappeler que l’eau étant une ressource régionale, l’irrigation doit se traduire par un débat sur les disponibilités et les priorités locales.
Biodiversité L’élevage bovin est mis en cause dans la perte de biodiversité à la fois par surpâturage et pour son implication dans la déforestation en Amérique du Sud et en Asie du Sud Est. L’élevage européen valorise encore de larges surfaces de prairies permanentes peu intensives (1/3 de la surface agricole européenne) qui sont des réservoirs de biodiversité.
 
 

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