La transhumance, une activité économique et environnementale

17 juillet 2008 - La rédaction 
Des milliers de vaches, chevaux, brebis ont regagné à la mi-juillet les hauts de la vallée d’Ossau, dans les Pyrénées-Atlantiques, pour brouter l’herbe des « estives ». Cette transhumance est une véritable activité économique qui, en plus, contribue à protéger la montagne.

« Les troupeaux maintiennent les paysages ouverts, une biodiversité spécifique et préviennent les risques d’incendies par le défrichage. Pour les communes, c’est un entretien gratuit des grands espaces verts ».

Dans les estives à 2 000 mètres d’altitude, les troupeaux paissent en toute liberté

Ainsi s’exprime Caroline Guinot, chef de projet environnement au CIV, le Centre d’information des viandes. Nous sommes à la mi-juillet à l’occasion de la transhumance dans la vallée d’Ossau, dans la montagne des Pyrénées. Des milliers de vaches, chevaux (destinés à la viande), moutons et chèvres quittent en troupeaux la moyenne vallée, où ils séjournaient aux alentours de 700 à 800 mètres d’altitude, pour regagner les « estives », pâturages de haute montagne, vers 2 000 m, afin d’en brouter l’herbe fraîche. Les bêtes bénéficient d’une totale liberté dans les estives. Seules les brebis restent sous la vigilance des bergers car elles doivent être traites deux fois par jour. Pendant ce temps, les champs de la moyenne vallée que les animaux ont quittés, se régénèrent. Dans la basse vallée, où se situe leur exploitation principale, les éleveurs profitent du temps libéré pour faucher l’herbe qui a repoussé et engranger le foin qui sera utilisé l’hiver. Vers le 20 – 25 août, les animaux redescendent en moyenne vallée où l’herbe a repoussé pour finalement regagner en octobre la basse montagne où ils passeront l’hiver.

L’herbe, une ressource naturelle

Si le côté folklorique de la transhumance est exploité pour animer la saison touristique, il ne faut surtout pas oublier qu’il s’agit d’une véritable activité économique et environnementale.

Par leur présence, les animaux contribuent à protéger la biodiversité

Les estives permettent à de petites exploitations de la basse vallée (de 20 à 30 hectares environ) d’élargir leurs surfaces et de libérer des parcelles sur lesquelles elles peuvent produire du fourrage pour l’hiver. « La pâture permet de valoriser une ressource naturelle locale bon marché qu’est l’herbe », précise Alain Cazaux, le président d’Aquibev, l’interprofession de la région. Lui-même gère un troupeau d’une centaine de vaches « blondes d’Aquitaine » qu’il a en estives dans le haut de la vallée d’Ossau. Il souligne, lui aussi, l’intérêt environnemental de l’activité. L’herbe est un véritable piège à carbone et sa consommation évite de faire appel aux céréales qui exigent intrants, eau, main d’œuvre. Avec le pâturage naturel, chacun est gagnant : l’agriculteur et l’environnement.

Pierre et Jean-François Lascurettes
Bergers dans le haut Ossau (Pyrénées-Atlantiques)

Ils sont deux frères qui vous accueillent dans une cabane, à 2000 mètres d’altitude. Ils gèrent un troupeau de vaches et de brebis. Le soir, ils rassemblent ces dernières pour la traite. Elles passent la nuit dans un enclos pour rester à proximité en vue de la traite du lendemain avant d’être libérées. Elles restent en liberté la journée et vont paître dans un rayon correspondant à environ 1,5 h de marche. class=
Pierre loue une exploitation dans la vallée qu’il exploite pour l’hiver. Pendant ce temps, Jean-François reste dans la montagne à confectionner les fromages. Tout est prévu : une installation de traite en plein air étudiée de manière ingénieuse, une « laiterie » dans la maison, où sont confectionnés les fromages, et un saloir, cavité creusée dans la montagne, où les fromages alignés sur des étagères connaissent une température idéale pour mûrir. Ils y resteront au moins deux mois avant d’être vendus par la soeur des Lascurettes, sur les marchés, notamment à Lourdes.
Récemment, Pierre et Jean-François ont installé un panneau photovoltaïque qui produit suffisamment d’électricité pour alimenter l’éclairage au néon et un petit poste de télévision, pour ne pas être totalement coupés du monde …

L’élevage herbivore « fournisseur » de services environnementaux

« Les 13 millions d’hectares de prairies et de parcours montagneux qui nourrissent les élevages herbivores bovins, ovins, équins et caprins et dont l’existence est intrinsèquement liée à celle de l’élevage herbivore, jouent un rôle clé dans le stockage de carbone, le filtrage des eaux, la biodiversité et la typicité des paysages français », souligne le CIV, Centre d’information des viandes. Il ajoute : « dans les zones sèches du sud de la France, les troupeaux d’herbivores contribuent à lutter contre les incendies en débroussaillant et en maintenant des étendues dégagées, qui servent de pare-feu. L’hiver, en montagne, ces grandes pelouses d’herbe rase qui ont été pâturées par les animaux l’été retiennent le manteau neigeux et limitent les risques d’avalanche. Enfin, dans les zones inondables, les prairies, haies et talus absorbent l’eau excédentaire en cas de crue, servant ainsi de zones tampons et, en limitant le ruissellement, permettent d’éviter les inondations. »

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter