Qu’entend la coopérative par techniques alternatives ? Dans un premier temps, il s’agit de revenir aux fondamentaux de l’agronomie pour réduire les nuisances des intrants classiques. « Nous devons réfléchir aux conséquences environnementales de nos actes, explique Lancelot Leroy, responsable agronomique de Terrena. Nous allons regarder de près l’impact des molécules chimiques et l’introduire dans nos préconisations. Expliquer, par exemple, de ne pas traiter les fossés avec du glyphosate qui se retrouve dans l’eau. C’est du bon sens mais il y a encore une marge de progrès en matière de conseil ».
Booster les racines
Une fois ce changement d’état d’esprit insufflé aux adhérents, mais aussi aux salariés, Terrena pourra aller plus loin. À l’essai, cet automne, dans les quelque 14 000 microparcelles du service expérimentation, la mycorhisation. « Nous travaillons avec des start up issues de la recherche. Le travail est assez avancé sur les espèces pérennes, comme les vergers ou la vigne. Nous allons aussi tester ce principe sur céréales puis maïs », poursuit le responsable agronomique. L’association avec un champignon permettrait d’augmenter la capacité exploratrice des racines et réduire les apports en phosphore, potasse et oligoélements. « On peut imaginer par la suite des solutions de mycorhisation en granulés liés à la semence, voire même des semences enrobées, ou encore des solutions à incorporer au sol. De nombreuses voies sont possibles », indique-t-il.
Le naturel n’est pas forcément bon
Autre piste : les huiles essentielles. Elles peuvent trouver une application en élevage, à la place d’antibiotiques. Et en grandes cultures contre des insectes et champignons, pour stimuler l’action des produits phytosanitaires. « Si nous sommes attentifs à ces molécules, il faut prendre soin de les regarder avec un œil sanitaire et environnemental. Un produit naturel n’est pas forcément bon ». L’offre en insectes auxiliaires, déjà présents dans la gamme de Terrena, devrait s’étoffer. Tout comme celle en variétés rustiques, résistantes aux maladies.
Ces produits alternatifs rentrent-ils dans le budget de l’agriculteur ? « Aujourd’hui, ils sont trop onéreux car le model économique de ces marchés n’est pas encore en place, reconnaît Lancelot Leroy. À nous de l’imaginer ».