L’enquête confirme les résultats de celle réalisée ce printemps sur 40 bouteilles de vins, montrant la présence de généralisée de résidus de pesticides. Cette fois, ce sont 124 échantillons de raisins de table, prélevés sur les étals de grandes surfaces en France, Allemagne, Hollande, Hongrie et Italie qui ont fait l’objet de tests. Seul un échantillon ne montrait aucun résidus de pesticide. Les 123 autres contenaient une moyenne de 0,65 mg/kg de pesticides. Six dépassaient la LMR (Limite Maximale en Résidus) : 4 provenant d’Italie, un de France et un de Turquie.
« Les LMR ont été harmonisées en septembre 2008 au niveau européen, précise le MDRGF, augmentant la limite de pesticides tolérée : avec les normes de 2005, 37 échantillons auraient dépassé la LMR ». Plus que les LMR, semble-t-il, c’est le nombre d’échantillons contenant dix pesticides ou plus qui inquiète le MDRGF, « car elles exposent le consommateur à des cocktails de substances qui peuvent agir en synergie”.
Des réponses indirectes ont été apportées à cette étude, qui reflètent d’ailleurs des interrogations posées régulièrement dans les différents pays européens, lors du colloque « Agriculture durable et pesticides ». Paoli Testori-Coggi, adjointe à la DG Sanco à Bruxelles (direction santé des consommateurs), a dressé un tableau global (voir dans nos prochaines lettres) de la réglementation pesticides, en pleine évolution où elle a développé la question des LMR, souvent mal traitée dans les médias, estime-t-elle. « Nous venons d’harmoniser près de 5 000 LMR, pour chaque molécule et chaque pays dans toute l’Union européenne, en intégrant les dernières connaissances scientifiques. Lorsque les données n’existaient pas, ce sont les seuils de détection qui ont été retenus». La représentante de la DG Sanco a insisté sur le fait que les LMR sont inférieures à des seuils toxicologiques, les deux étant parfaitement différents. La présence de résidus, en substance, n’est pas synomyme de danger pour la santé.
Plus directement interpellé sur cette question, Jean-Marc Bournigal, directeur général de l’Alimentation au ministère de l’Agriculture, a rappelé que l’ensemble des denrées sur le territoire national faisait l’objet d’un plan de surveillance, incluant les phytosanitaires. « L’important n’est pas en soi la présence de résidus, mais le dépassement de seuil, a-t-il argumenté, lequel n’est observé que dans 5 % des prélèvements. Et il est important d’observer les évolutions sur plusieurs années. Or, la présence de résidus est en baisse, ce qui prouve l’intérêt des bonnes pratiques agricoles ».
64 pesticides différents ont été analysés dans les raisins de table dont procymidone, méthomyl, bifenthrine et lambda-cyhalothrine. Deux échantillons cultivés en Italie contiennent de l’endolsulfan, un pesticide interdit dans l’Union Européenne. Un échantillon acheté en Allemagne dépassait la dose de référence pour la toxicité aiguë, c’est-à-dire la dose maximale qui peut être ingérée dans une journée, dont le seuil est fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).Pour la France, 25 échantillons ont été analysés, présentant en moyenne 8,5 pesticides différents. 51 pesticides différents ont été répertoriés, dont 16 sur une même grappe. En moyenne Intermarché présente les lots avec le plus grand nombre de pesticides retrouvés (9,6), contre 6,4 chez Lidl. Le niveau de pesticide en mg/kg est de 1,3 chez Aldi (maximum), 0,45 à 0,69 pour les autres enseignes.