Dominique Guibert – "Les droits de l’Homme, conditions d’un développement durable"

1 décembre 2008 - La rédaction 
La mise en œuvre d’une politique de développement durable apparaît comme faisant partie intégrante du programme des droits de l’Homme : que vaudrait l’exercice théorique des droits si n’est pas assurée la simple survie de l’espèce, pour l’ensemble de ses membres ? Un point de vue débattu largement à l’occasion de la 14e Université d’automne de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) qui s’est tenue les 29 et 30 novembre à Paris.

Pour Dominique Guibert, secrétaire général adjoint de la LDH, « si l’on a des droits

Pour Dominique Guibert, « l’aspiration au développement durable pose des questions qui sont, au sens fort, politiques car il n’y aura pas de miracle technologique résolvant tous les problèmes »

de l’Homme une conception universelle et indivisible, embrassant à la fois les droits civiques et politiques, économiques et sociaux, et enfin environnementaux et culturels, le développement durable est dans une certaine mesure la nouvelle dimension, voire la nouvelle expression synthétique, des droits de l’Homme. Réciproquement, dans une transformation inévitablement très complexe et contradictoire, les droits de l’Homme peuvent être mis en péril par telle ou telle politique qui, au nom même du développement durable, ne respecterait pas la cohérence et l’équilibre des droits. Le rapport entre souci des droits de l’Homme et souci de développement durable est donc réciproque et problématique. Il appartient au programme des partisans des droits de l’Homme de prendre conscience des changements radicaux que déclenche la recherche du développement durable, pour y apporter leur contribution dans le sens de l’accomplissement des droits. »

La prise en compte de l’urgence écologique doit être l’occasion d’un rebond. Comme l’exprime le philosophe Patrick Viveret, « être lucide doit nous donner l’audace de trouver des sources de motivation positive. La lucidité sur les risques est essentielle même si elle déclenche de prime abord une réaction d’impuissance et de peur. Mais nous devons avoir la capacité de basculer vers la notion de désir et d’espérance. C’est peut-être de la sobriété que viendra le mieux-être ». D’autant plus que « la crise qui s’amorce va amplifier la nécessité du passage du souhaitable au possible » prévoit Stéphane Rozès, directeur général de l’institut de sondages CSA et enseignant à Sciences politiques. « Aujourd’hui, il y a un écart entre la prise de conscience de la société de la nécessité de changer et du constat de ce que font véritablement les entreprises, avec notamment le greenwashing (marketing écologique). La communication autour du développement durable par les entreprises éveille la suspicion chez le consommateur. La pression de la société va passer de l’environnement au social. La meilleure preuve de l’effort d’une entreprise pour le développement durable serait la façon dont elle traite ses salariés : si on s’occupe bien de ses salariés, il paraît logique que l’on s’occupe bien également de l’environnement. Ainsi, il y a aujourd’hui percutage de la notion de développement durable par le salariat, transférant ainsi la question environnementale sur le domaine du social » poursuit Stéphane Rozès. Cette tendance d’évolution de prise en compte de la société ne peut qu’interpeller devant les travaux actuels conduits dans le cadre du Grenelle de l’environnement et qui ont très fortement porté (parfois exclusivement) sur l’écologie, évacuant le volet social.

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