Bernard Layre – « Plus que l’autonomie, la faible dépendance énergétique des exploitations»

12 décembre 2008 - La rédaction 
Le rapport de Bernard Layre, chargé par Michel Barnier d’une mission sur l’autonomie énergétique des exploitations agricoles, porte aujourd’hui un de ses fruits : le plan de performance énergétique. Son objectif est de diminuer la dépendance des exploitations aux énergies fossiles. Vincent Gitz accompagne la mise en œuvre de ce plan et dévoile sa première mesure : le diagnostic énergétique.

Campagnes et Environnement : Quelles sont les mesures concrètes du plan de

Vincent Gitz, Conseiller technique en charge du développement durable et de la recherche auprès du ministre de l’Agriculture

performance énergétique des exploitations ?
Vincent Gitz : Suite à la sortie du rapport, nous avons mis en place un groupe de travail cet été afin de mettre en œuvre le diagnostic énergétique et l’orientation des mesures sur les investissements les plus significatifs. Ce travail se termine et nous sommes donc en mesure de lancer le référentiel Diagnostic énergétique. Il coûte environ 1 000 Ä par exploitation. L’assemblée Nationale a inscrit dans la Loi Grenelle 1 le principe d’un crédit d’impôt qui permettra de prendre en charge une partie de cette dépense.

C. et E. : Et en termes de chiffres ?

V.G. : Un objectif de 30 % des exploitations à faible dépendance énergétique en 2013, ce qui représente 100 000 exploitations qui auront réduit leur consommation énergétique de 30 %. Par département, cela représente 1 000 diagnostics en quatre ans, c’est-à-dire 250 chaque année. L’objectif est que le diagnostic énergétique et les mesures qui s’ensuivent arrivent à faire diminuer, à terme, de 30 % le bilan énergétique dans l’exploitation, énergie directe, indirecte et production d’énergie renouvelable incluses. Il s’agit d’une démarche volontaire, incitée par le crédit d’impôt, qui ne pourra se faire qu’avec une animation sur le terrain pour sensibiliser les agriculteurs.

C. et E. : Quel est le message envoyé aux agriculteurs ?
V.G. : Il ne faut pas se contenter d’être autonome énergétiquement : il faut économiser et produire l’énergie. La production est plus attractive mais elle est aussi la plus à risque du fait d’un manque d’encadrement et d’une grande diversité d’opérateurs. À travers le diagnostic énergétique, nous voulons apporter à l’agriculteur la preuve de l’économie et de la rentabilité économique des voies de production d’énergie. Nous constatons actuellement un engouement sur le terrain pour le photovoltaïque par exemple. Le diagnostic énergétique, dont la qualité sera garantie par l’État, puisque nous aurons un référentiel, permettra de donner un cadre clair à des initiatives souvent foisonnantes.

Le certificat d’économie énergie
Le certificat d’économie énergie (CEE) est une obligation de réalisation d’économies d’énergie imposée par les pouvoirs publics aux fournisseurs d’énergie (électricité, gaz, chaleur/froid et fioul domestique). Ils doivent présenter un certain nombre de ces certificats, qui attestent de la réalisation d’opérations standard permettant une économie d’énergie. Ils ont trois possibilités : réaliser eux-mêmes des économies, inciter leurs clients à en faire ou acheter des CEE à des tiers. Actuellement, trois opérations standardisées, éligibles au CEE, sont disponibles en agriculture : le contrôle et réglage du moteur d’un tracteur, et pour les serres maraîchères, l’ordinateur climatique et le ballon de stockage d’eau chaude de type Open Buffer. « Un travail est en cours, associant l’Ademe, EDF, les organisations professionnelles agricoles et le ministère de l’Agriculture pour élargir cette gamme : écrans thermiques pour les serres, récupérateurs de chaleur, équipements du froid, échangeurs thermiques, formation des chauffeurs de tracteur, chauffe-eau solaires… »

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