Etudier les risques pour la santé des consommateurs et des utilisateurs

26 mars 2009 - La rédaction 

“Il nous faut resserrer les mailles du filet”, a introduit Martin Guespereau, directeur de l’Afsset (1), pour présenter un des aspects du travail engagé par l’Observatoire des résidus de pesticides (ORP), lors du colloque de restitution de son premier plan d’action, les 11 et 12 mars 2009, à Paris. “C’est en objectivant les débats que l’on réduit les résistances”, a pour sa part souligné Gilles Belurçon, représentant le ministre de l’Agriculture, fixant ainsi l’autre objet de ces journées. L’ambition de l’ORP est de rassembler toutes les connaissances pour mettre en évidence les risques pour la santé des consommateurs et des utilisateurs des produits pesticides sous toutes leurs formes, dans l’air, l’eau, le sol et jusqu’au produit transformé. Il est placé sous la responsabilité de l’Afsset depuis 2005. Le premier plan, de 2006 à 2008, s’est traduit par 22 actions, qui ont surtout permis de préciser des méthodes pour quantifier les expositions aux pesticides. Le deuxième, de 2009 à 2011, dont le budget est en cours de définition, s’inscrira dans la logique du plan Ecophyto 2018, et la réduction de l’usage des pesticides. Il répond aussi par avance à l’une des exigences de la réglementation européenne qui implique la création de ce type d’observatoire dans chaque pays européen.

Un grand nombre de variables à mesurer

Cartographier la présence des pesticides dans l’environnement suppose des outils de mesure efficaces. Ce qui est loin d’être évident, compte tenu du nombre élevé de variables : dangerosité des molécules, pratiques des agriculteurs, rapidité et mode de diffusion dans les milieux etc. L’évaluation des risques pour les citoyens ne viendra que dans un deuxième temps. Une chose est certaine : les substances actives se retrouvent à peu près partout, y compris des produits comme le DDT ou le lindane interdit depuis longtemps.

L’IFT pour étudier les pratiques agricoles

Une autre variable, qui est loin d’être négligeable, réside dans les pratiques des agriculteurs. Laurence Guichard, de l’Inra, a présenté l’indicateur IFT, ou Indicateur de fréquence de traitement, « compromis entre faisabilité et pertinence des résultats ». Basé sur la pression des utilisations au niveau des agriculteurs, et non sur l’impact, cet indicateur a permis d’établir l’empreinte de différents types de traitements sur grandes cultures en le ramenant aux surfaces cultivées. Les insecticides colza ou les fongicides pommes de terre apparaissent ainsi en tête de liste. Cette étude a surtout mis en évidence de fortes disparités dans les pratiques des agriculteurs. Ainsi, ceux ayant la conduite culturale la moins à risque pour le développement de maladies (date et densité de semis, rusticité des variétés etc…) ont le plus recours aux fongicides (46 %), contre 30 % dans les conduites intensives. Un levier très intéressant, qui souligne l’importance de l’accompagnement des agriculteurs dans la mise en place de conduites plus économes en intrants.

(1) Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail

La rationalisation des méthodes de mesures au centre des présentations
Chercher la présence de substances actives, dans l’environnement comme dans les assiettes, coûte très cher. D’où l’intérêt de dresser une liste de substances prioritaires, en croisant leur dangerosité avec les pratiques réelles des agriculteurs. Des enquêtes nationales présentées par Alexandre Nougarède, de l’Ensaia de Nancy, sur les secteurs vigne, arboriculture et grandes cultures ont ainsi permis de passer de 198 substances utilisées en viticulture, 178 en arboriculture, 153 en cultures légumières, 250 en grandes cultures à une liste de treize molécules à surveiller en priorité. A rapprocher de celle plus large de 78 molécules retenues par l’Afsset.

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