"Sortir des haies pour rentrer dans les champs"

12 octobre 2010 - La rédaction 
S’intéresser à la biodiversité ordinaire, à la biodiversité peu visible et à la biodiversité dans les parcelles agricoles. Tels étaient les pistes évoquées, lors de la table ronde « Produire mieux tout en préservant la biodiversité : un nouveau défi ? », organisée le 7 octobre à l’occasion du congrès des parcs naturels régionaux qui s’est déroulé du 6 au 8 octobre à Reims. Certes, mais comment faire concrètement, se demandent les acteurs de terrain ? Une question technique, mais également sociale et économique. Et toujours polémique.

Hausse de la production avec la biodiversité végétale d’une prairie, rôle de la diversité paysagère sur le contrôle des parasites… les liens entre agriculture et biodiversité sont de mieux en mieux connus et les études se poursuivent. Mais comment passer à l’action, concrètement, dans le domaine agricole ? C’est la question que se sont posés, le 7 octobre les personnes présentes à l’atelier organisé dans le cadre du congrès des parcs naturels régionaux (PNR) à Reims, et intitulé «

Photo : Gérer la biodiversité en milieu agricole suppose aujourd’hui de “sortir des haies pour rentrer dans les champs”, a souligné Marianne Le Bail, professeur en agronomie à AgroParisTech, en conclusion de la table ronde. Les bords de culture, par exemple, peuvent aussi constituer un réservoir de biodiversité. Une piste oubliée ?

Produire mieux tout en préservant la biodiversité : un nouveau défi pour l’agriculture et les agriculteurs ? ».

La biodiversité des sols, grande oubliée
Gérer la biodiversité en milieu agricole demande de s’intéresser un peu plus à la biodiversité « ordinaire », répondent les participants. En particulier à la biodiversité au champ, sur les bords de parcelles ou encore dans les sols. « Il n’y a pas de sol mort en France, souligne Guénola Pérès, chercheur à l’université de Rennes 1. Il y a des sols qui dysfonctionnent. Or on peut relancer un système bloqué en donnant aux microorganismes des conditions à nouveau favorables ! » En travaillant sur les pratiques agronomiques, par exemple.

« La recherche sur la biodiversité des sols, voilà un sujet qui intéresse davantage les agriculteurs qu’un message simpliste du type “ne plus utiliser de désherbant” », a répondu, enthousiaste, Yves François, agriculteur en Isère et intervenant lors de la table ronde. Il soulignait aussi le manque d’un « état zéro de la biodiversité en milieu agricole ».

La rémunération pose toujours question

Photo : La table ronde sur le thème de l’agriculture et de la biodiversité, organisée le 7 octobre était aussi l’occasion de faire des visites de terrain, dans la région, pour présenter certaines initiatives en faveur de la biodiversité en milieu agricole.

Mais entre la recherche et la pratique se pose la question de l’économie des exploitations agricoles. Pour Roger Jumel, du ministère de l’Agriculture, « il est important de savoir ce qu’on fait et quels en sont les conséquences, pour savoir quel service est rendu et quelle rémunération peut être envisagée ».

La question de la rémunération, justement, a été l’objet d’un débat, lors de cette rencontre. Plusieurs participants et intervenants se sont interrogés sur l’intérêt de contractualiser avec les agriculteurs pour la mise en place d’actions en faveur de la biodiversité. La contractualisation est souvent limitée aux premières années, et sert de levier pour la mise en place des actions et le changement des pratiques. Mais quand les financements ne sont plus là, l’agriculteur est-il toujours en mesure de poursuivre dans cette voie ? Devrait-on pérenniser cette contractualisation ?

Une opposition toujours palpable entre économie et écologie, mais un dialogue de qualité

La question économique était bel et bien présente, lors du congrès des PNR, et continue d’opposer les acteurs. Elle a également été abordée lors de la conférence d’ouverture du congrès, consacrée au sujet « économie et biodiversité », le 6 octobre. « La biodiversité n’est pas la préoccupation première des agriculteurs », a rappelé Yves François, le 7 octobre. Il a également appelé à la vigilance, pour éviter une « sanctuarisation de certains PNR ». Signes que l’opposition nature – cultures persiste. Cette table ronde, cependant, n’a pas été un lieu d’opposition entre agriculture et biodiversité et a bien permis, au contraire, de nombreux échanges et une bonne écoute.

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