L’étiquetage environnemental manque encore de références

26 octobre 2010 - La rédaction 

L’affichage environnemental, une idée issue du Grenelle de l’environnement, fait progressivement son chemin : un test grandeur nature est prévu en juillet 2011. Mais « aujourd’hui, les informations sur l’empreinte carbone des produits ne sont pas assez fiables ni précises pour être transmises aux consommateurs. Nous continuons l’expérimentation, mais il faut prendre du temps », a reconnu Jean-Bernard Bonduelle, directeur développement durable de Bonduelle. Des propos qui résument à la fois l’ambition et les limites de l’étiquetage environnemental, telles qu’elles ressortaient de la table ronde « information environnementale, quelles perspectives pour l’alimentaire ? », organisée le 21 octobre par L’Ania (1) et la FCD (2). Cet échange faisait suite à la présentation des résultats du projet pilote « Expérimentation de l’évaluation de l’impact environnemental », mené par l’Ania, la FCD et l’Ademe.

Ce projet vise à évaluer les impacts environnementaux de 214 produits, en prenant en compte quatre critères : les émissions de gaz à effet de serre, la consommation de la ressource en eau, la pollution de l’eau et les impacts sur la biodiversité. Conclusions ? Si les données sur les émissions de gaz sont plutôt fiables, les difficultés sont plus importantes pour les impacts sur l’eau. Quant au critère biodiversité « nous n’avons pas vraiment de maturité », a indiqué Olivier Jan, du cabinet Bio intelligence service. Les méthodes et les données font défaut, il faudrait « réaliser des études spécifiques ».

Créer rapidement des bases de données fiables

Lors de la table ronde « information environnementale, quelles perspectives pour l’alimentaire ? », le 21 octobre, les professionnels ont souligné l’intérêt d’une discussion au niveau international sur cette question.

L’impact du transport ou de la logistique sur le bilan CO2 sont également complexes à évaluer. Autre écueil important : le manque de données génériques, publiques et fiables sur les composants et ingrédients des produits étudiés. Plusieurs pistes ont été dégagées pour répondre aux lacunes relevées. L’une des priorités qui fait l’unanimité est la nécessité de bâtir des bases de données publiques pour faciliter les calculs.

Pas si simple : « un litre de lait peut représenter 1 à 7 kg de CO2, selon le mode de production ! », a relevé Myriam Cohen, directrice générale Nature de Danone. « Une des clés du succès réside dans un investissement massif dans les bases de données agricoles. Il ne faut pas sous-estimer le coût et l’investissement nécessaires », a-t-elle ajouté. Philippe Van de Maele, président de l’Ademe, s’est voulu rassurant quant à ces financements. « L’effort sur les bases de données est maintenu, bien sûr », a renchérit Catherine Larrieu, chef de la délégation au développement durable du Commissariat général au développement durable, signalant : « nous visons la gratuité pour le consommateur ». Pierre-Alexandre Teulie, secrétaire général de Carrefour demandait quant à lui « des contrôles, car l’étiquetage environnemental ne doit pas devenir un argument commercial ». Le lien ne sera sans doute pas aisé à trouver, si l’on en juge par la campagne que vient de lancer son enseigne sur le thème, proche, du “Nourri sans OGM”…

Démontrer la faisabilité d’un affichage “multicritère”

L’affichage environnemental qui devait initialement être effectif en janvier 2011 a été reporté à juillet 2011 pour une expérimentation d’un an. Ce projet a-t-il finalement une chance d’aboutir ? Oui, répond Olivier Jan, qui se réfère à son expérience. En 1993, il travaillait déjà sur les analyses de cycle de vie. « A ce moment, on n’imaginait pas qu’on pourrait un jour s’inspirer de cette démarche pour faire de l’évaluation environnementale ! ». L’enjeu aujourd’hui, est de poursuivre, affirme-t-il. Car la France défend un affichage environnemental « multicritère », qui ne repose pas uniquement sur les émissions de GES. « Nous devons démontrer que c’est faisable ». Une idée partagée par les professionnels présents, qui espèrent que les discussions internationales intègrent cette donnée.


Le ministère de l’Ecologie en appelle aux professionnels

C’est aussi parce que les difficultés demeurent que la mobilisation des filières est décisive. En clôture de cette demi-journée de réflexion, Chantal Jouanno a appelé les professionnels à participer massivement à l’expérimentation de l’étiquetage environnemental. Ne manque plus que l’appel officiel à candidature, attendu pour la fin du mois.

Repère : l’affichage environnemental, une idée issue du Grenelle Environnement

L’idée d’un étiquetage environnemental est issue du Grenelle de l’environnement. Il s’agit de mettre à disposition du consommateur des informations sur l’impact environnemental des produits qu’il achète.

Au printemps 2008, une plateforme de réflexion Ademe/Afnor a été mise en place pour orchestrer les discussions et définir les méthodologies de calcul pour que toutes les filières raisonnent de la même façon. Elle regroupe 670 organisations.

En parallèle, l’Ania et la FCD ont lancé, avec l’Ademe, une première expérimentation pour tester cette évaluation des impacts environnementaux. Dix distributeurs et 120 industriels ont participé à l’opération en tentant, pour chaque produit, de fournir des données en termes d’émission de gaz à effet de serre, d’impact sur la pollution et la consommation d’eau, sur la biodiversité.

(1) Ania : Association nationale des industries agroalimentaires
(2) FCD : Fédération des entreprises du commerce et de la distribution

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