Grenelle : un bilan intermédiaire en demi-teinte

5 novembre 2010 - La rédaction 

Les 258 objectifs du Grenelle de l’environnement ont été évalués en fonction de leur degré d’avancement : 10 sont à redéfinir totalement, 52 méritent d’être réorientés, 157 sont en bonne voie et 48 sont déjà mis en œuvre. Le rapport d’évaluation du Grenelle, présenté le 2 novembre par le cabinet Ernst and Young et les membres du comité d’évaluation,

Présentation du bilan intermédiaire du Grenelle de l’environnement le 2 novembre.

était à dominante vert clair. « Nous avons ouvert le capot pour voir où en était le moteur, a résumé Jean-Louis Borloo. Certaines pièces, comme les énergies renouvelables, sont en surchauffe. D’autres tournent à la bonne vitesse, c’est le cas du bâtiment. D’autres, enfin, méritent davantage d’attention. »
Ce rapport d’étape s’inscrit dans la logique développée par le Grenelle. Il vise à évaluer, point par point, les objectifs précis déterminés. Mais aussi à « ranimer la flamme », comme l’a indiqué Nicole Notat, en charge de la réflexion sur la gouvernance, autant auprès de l’opinion publique que des parties prenantes.

L’agriculture durable est concernée directement ou indirectement par une cinquantaine des 258 objectifs. 35 sont en phase de réalisation, 4 sont réalisés, 10 doivent être réorientés et deux, enfin, sont carrément en suspens.

Biodiversité et agriculture : trame verte et Ecophyto en vedette

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<div class=« Ecophyto est une excellente chose, il faut cependant pouvoir donner des méthodes alternatives et doter la recherche d’assez de moyens » a indiqué Jean-François Legrand, Sénateur de la Manche, le 2 novembre lors du bilan intermédiaire du Grenelle de l’environnement. A gauche, Nicole Notat, en charge de la réflexion sur la gouvernance.

Jean-François Legrand, sénateur de la Manche, membre du comité d’évaluation, a synthétisé les deux thèmes biodiversité et agriculture. En commençant par s’inquiéter de l’artificialisation des sols. « 2 700 ha disparaissent chaque année sur le seul département de la Manche », a-t-il illustré. Un thème qui a le mérite de satisfaire à la fois les écologistes et les agriculteurs. La trame verte et bleue constitue, à ses yeux, une avancée notable du Grenelle, « même si certains auraient souhaité qu’elle puisse être opposable aux tiers », c’est-à-dire qu’elle soit d’une valeur juridique permettant de contester son non respect.

Et si « Ecophyto est une excellente chose, il faut cependant pouvoir donner des méthodes alternatives et doter la recherche d’assez de moyens », estime-t-il. Un lien plus actif avec la santé des opérateurs, établi grâce au plan Ecophyto, a été salué par Alain Grimfeld, membre du comité d’évaluation, en charge du domaine d’action « risque, santé, environnement ».

Surchauffe sur l’éolien et le photovoltaïque

Alain Liebard, président d’Obser’Er, a détaillé la surchauffe des énergies renouvelables. Les objectifs fixés pour 2020 étaient en passe d’être atteints dès 2011. Ce qui explique en partie la position de la France en faveur d’un passage de 20 à 30 % de réduction des gaz à effet de serre en Europe, à échéance 2020. Les engagements du Grenelle, qui aujourd’hui profitent plus largement à des entreprises étrangères que françaises dans le domaine de l’éolien et du photovoltaïque, devraient être ramenés à une croissance moindre, du fait de la baisse des tarifs de rachat de l’électricité.
A côté de cette surchauffe, les écologistes ont rappelé le coup de froid sur la taxe carbone, en marge de la conférence de presse.

L’affichage environnemental à l’orange

« Nécessite une remobilisation ou une réorientation » : l’objectif « développer l’étiquetage environnemental et social des produits » est loin d’être au vert ! La relance de la consommation durable manque aujourd’hui d’indicateurs, et cantonne encore les produits écoresponsables à des niches. Les pouvoirs publics tentent de favoriser ces marchés par des achats de produits bio ou en réformant les procédures d’appel d’offres.

Le grand intérêt du Grenelle réside dans la capacité qu’il a eu à mettre en évidence les points de convergence entre les cinq collèges qui ont réfléchi au sein de groupes de travail : l’État, les collectivités territoriales, les entreprises, les syndicats de salariés et les associations de protection de la nature. L’environnement est par nature un thème évolutif, qui réagit à des impulsions multiples. Il s’élabore en lien direct avec les acteurs de terrain. L’agriculture en apporte l’exemple, avec la mise en place, en 2009, des comités d’épidémiosurveillance dans toutes les régions françaises, posant les bases d’une information sur la réalité des infestations dans les cultures et, de ce fait, de conseils de traitement phytosanitaires limités aux besoins réels des plantes. En 2010 ont été créés les Comités régionaux d’orientation et de suivi du plan Ecophyto 2018.
Des signes encourageants. Mais qui ne doivent pas masquer les points de blocages. Le rapport d’évaluation en a peu fait état. Il reste encore beaucoup à faire.

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