Et ce, malgré un délicat empilement réglementaire : le Grenelle de l’environnement a classé ces trois captages comme « prioritaires », imposant l’échéance de 2012 pour la mise en place d’un plan de d’action. Et le Sage (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) Val Dhuy-Loiret devrait se décliner sur le terrain dès mars 2011.
Des efforts sur les pollutions ponctuelles
Jusqu’à maintenant, la priorité était la lutte contre les pollutions accidentelles, dites ponctuelles. C’est seulement en 2002 qu’est signée une première convention entre les trois organisations, renouvelée en 2006. Des efforts ont porté sur les aires de remplissage de pulvérisateurs et la collecte des déchets (emballages vides et produits phytosanitaires non utilisables) est désormais organisée chaque année. Avec la déclaration d’utilité publique (DUP) des trois captages, en 2006, des travaux ont été rendus obligatoires : réhabilitation de forages pour mieux isoler les eaux souterraines de la surface, protection des cuves de stockage d’engrais liquides ou d’hydrocarbures…
Aujourd’hui, la qualité de l’eau souterraine captée s’est stabilisée. Celle des eaux de surfaces pose encore problème.
Demain, viser les pollutions diffuses
Lutter contre les pollutions diffuses sera l’un des objectifs de la prochaine convention. Un travail sur les pratiques agricoles a été amorcé au cours de ces 10 années de collaboration. « Une trentaine d’agriculteurs se sont engagés à respecter une charte de bonnes pratiques agricoles », précise Séverine Carniello. La Chambre d’agriculture a accompagné les agriculteurs vers des pratiques plus raisonnées.
Les partenaires en sont conscients : demain, « la 3e convention, la procédure des captages prioritaires Grenelle et le Sage devront former un puzzle cohérent », explique Séverine Carniello. Un effort de pédagogie sera nécessaire auprès des agriculteurs.
Autre difficulté : « jusqu’ici, les travaux étaient ponctuels, financés à 100 % et représentaient souvent un plus pour la sécurité, note Mélanie Hovan, conseillère eau-environnement à la Chambre. Demain, il faudra motiver les agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques, pour un impact sur le long terme. Mais j’espère qu’avec les études liées aux “captages Grenelle”, nous pourrons sonder, sur le terrain, ce que les gens ont envie de faire en termes de gestion raisonnée de l’eau d’irrigation », poursuit-elle. Il s’agit du deuxième grand axe de la future convention.
Associer de plus en plus de collectivités
La troisième convention va également s’ouvrir aux collectivités locales, qui pourraient signer des conventions avec Orléans pour réduire les pesticides dans les espaces verts.
Autre levier, poursuivre l’acquisition foncière : la ville d’Orléans a déjà acquis 32 hectares sur d’anciennes exploitations. L’une d’entre elles sera louée dès 2011 à une association d’insertion, Solembio, pour développer le maraîchage biologique en circuit court. Dans une seconde ferme, la conduite de cultures énergétiques ou l’agroforesterie pourraient être expérimentées.
Alors, mise sous cloche des terres qui entourent les captages ? Si la ville s’en défend, la campagne semble s’en méfier.
« Chacun a apporté ses compétences et a trouvé sa place », concluent de concert la Chambre d’agriculture, la ville d’Orléans et la Lyonnaise des eaux. Cette collaboration originale entre un représentant du monde agricole, un maître d’ouvrage et son délégataire a permis, en dix ans, de mieux se comprendre. Un cas qui fait école, puisqu’il fait partie des dix démarches partenariales « exemplaires » présentées dans un guide, édité par les chambres d’agriculture et la Fédération des entreprises de l’eau, à l’usage des acteurs impliqués dans la protection de l’eau potable.