Inra : davantage de transparence sur l’indépendance des experts

29 mars 2011 - La rédaction 

L’Inra, l’Institut national de la recherche agronomique, a publié le 15 mars une deuxième version de sa charte de l’expertise scientifique collective. Sollicitée à plusieurs reprises par les pouvoirs publics pour réaliser ces états des lieux de la connaissance scientifique afin de les éclairer sur des sujets souvent stratégiques (alimentation, changement climatique, pesticides,…), l’Inra montre ainsi que l’expertise collective est un exercice encadré.

Retour sur ses propres pratiques mais aussi réponse à la crise de confiance de la société civile envers les experts et les scientifiques, cette version réactualisée met en particulier l’accent sur la transparence en matière de conflits d’intérêts. La nouvelle charte oblige donc tout expert contacté par l’Inra pour participer à l’une de ces expertises à déclarer les liens qu’il entretiendrait avec l’une des parties prenantes (entreprise, ONG…) concernée par le sujet de l’expertise.

L’indépendance scientifique en question

« L’important, dans l’expertise collective, est que ces éventuels liens avec les parties prenantes concernées par le sujet soient explicités, que les sensibilités des chercheurs soient connues et que le groupe d’experts présente, dans son ensemble, des tendances diverses et équilibrées », a expliqué Marion Guillou, P-d.g. de l’Inra. Et d’ajouter qu’il n’y a rien de condamnable au fait que des scientifiques aient parfois des contrats avec des entreprises ou ONG, ni au fait qu’ils aient des opinions personnelles.

Cette version 2010 de la charte de l’expertise collective vise par ailleurs à « garantir la compétence des experts,(…) la traçabilité des sources, l’explicitation de la méthode, la clarté des conclusions, et le devoir d’alerte. », précise l’Inra.


Qu’est-ce qu’une expertise collective à l’Inra

A la demande des pouvoirs publics, il s’agit, pour un groupe sélectionné d’experts, chercheurs de l’Inra ou extérieurs, de disciplines et de sensibilités différentes, de passer en revue, pendant 18 mois, quelque 1500 publications la littérature scientifique et parfois grise (issue du milieu professionnel). Le but : faire un état des lieux des connaissances scientifiques, pour déterminer ce que l’on sait, ce qui fait encore débat au sein de la communauté scientifique, et ce qu’on ne sait pas, en raison d’études insuffisantes. Les sujets des commanditaires sont généralement sensibles : alimentation, changement climatique, pesticides…

L’objectif n’est pas de formuler des recommandations aux pouvoirs publics, mais de rendre intelligible cette matière scientifique, pour les décideurs comme pour la société, ont précisé les scientifiques de l’Inra.

L’Inra a mené depuis 2002 sept expertises collectives, et s’est dotée d’une charte à partir de 2005.

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter