SPECIAL PRESIDENTIELLE – La parole à Jean-Luc Mélenchon

22 février 2012 - La rédaction 

Jean-Luc Mélenchon, Front de gauche, répond aux questions de Farre et campagnesetenvironnement.fr par la voix de Laurent Levard, co-animateur pour l'agriculture.

1 – Quels sont les points clés de votre programme à l'élection présidentielle pour encourager une agriculture respectueuse de l'environnement, au niveau européen et au niveau français ?

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Jean-Luc Mélenchon, Front de gauche

Laurent Levard : La transition vers une agriculture écologique représente l'un des principaux objectifs de notre programme. On entend par agriculture écologique, une agriculture relocalisée – pour rapprocher les lieux de production de ceux de consommation et intégrer productions animales et végétales, plus autonome vis-à-vis des ressources non renouvelables et de l'énergie, et qui ne contamine pas l'environnement, donc qui utilise, entre autres, de moins en moins de pesticides et d'engrais chimiques.
Afin de permettre cette transition vers une agriculture écologique, nous voulons avant tout contrer la libéralisation des marchés organisée par les traités de l'Europe libérale, qui induit notamment une baisse des prix des productions agricoles et s'avère incompatible avec la relocalisation que nous envisageons. Nous souhaitons également mettre en place une surface maximale d'exploitation afin d'arrêter le processus de concentration de la production et permettre la consolidation des petites et moyennes exploitations. Nous comptons par ailleurs orienter les aides qui existent, et notamment celles de la PAC, pour cette transition (aide à la culture de protéagineux, à l'agriculture biologique…), et mettre en place un calendrier précis de transition, avec des échéances à respecter. Enfin, nous pensons qu'il est nécessaire de réorienter les objectifs de l'enseignement agricole et de la recherche agronomique publique. Cette dernière doit en outre être libérée du lobby de l'agro-business !

 

2 – Comment envisagez-vous de rendre compatibles les nouvelles exigences environnementales avec la rentabilité économique des exploitations agricoles ?

Laurent Levard : L'agriculture écologique utilise davantage de travail. Sa viabilité dépend de ce fait de la rémunération du travail agricole, et donc des prix agricoles. Pour avoir des prix rémunérateurs, nous revendiquons une protection du marché européen. Et une répartition plus juste de la valeur ajoutée entre les différents acteurs des filières : pour que les intermédiaires, et notamment la grande distribution, ne s'accaparent pas l'essentiel de la marge, nous souhaitons mettre en place un coefficient multiplicateur maximum sur les prix (rapport entre prix de vente au consommateur et prix d'achat au producteur). Enfin, la recherche agronomique devra évoluer pour soutenir les agriculteurs dans la transition écologique, grâce à des techniques innovantes.

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Laurent Levard, co-animateur pour l'agriculture

3- Quatre dossiers spécifiques à l'agriculture ont été portés par le Grenelle de l'environnement (agriculture biologique, Ecophyto 2018, certification des exploitations HVE et performance énergétique des exploitations) : quelle évolution (poursuite, intensification, réorientation, voire annulation) impulserez-vous sur ces dossiers ?

Laurent Levard : La transition vers une agriculture écologique doit concerner tous les agriculteurs. Nous soutenons l'objectif de 20 % d'agriculture biologique en 2020. Nous sommes d'accord avec l'objectif d'Ecophyto 2018, mais soulignons la nécessité de réorienter la recherche vers des modes de production qui puissent se passer de pesticides. En ce qui concerne la certification des exploitations HVE, nous regrettons le manque d'outils incitatifs car elle peut s'avérer coûteuse, surtout pour les petites exploitations. Enfin, nous sommes globalement d'accord avec le plan de performance énergétique des exploitations… et pensons qu'une taxation d'entreprises comme Total offrirait un financement intéressant.

 

4 – Quel est selon vous le premier défi que doit relever l'agriculture française dans les cinq prochaines années ?

Laurent Levard : Arrêter et inverser le processus de concentration de la production agricole afin d'initier une transition vers une agriculture écologique, créatrice d'emplois (+ 300 000 emplois d'ici à cinq ans), qui produise des aliments de qualité pour tous, et qui contribue à rendre les campagnes vivantes.

Farre, Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnment ; Terre-écos, éditeur de campagnesetenvironnement.fr
 

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