Emmanuelle Soubeyran, responsable du plan Ecophyto 2018

22 mars 2012 - La rédaction 

« C'est au niveau régional que le plan prend vraiment corps »

Le plan Ecophyto 2018 constitue un volet important du Grenelle de l'environnement. Il vise, de 2008 à 2018, une réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires, si possible. Décliné en neuf axes au niveau national et régional, il se traduit par des actions concrètes au niveau de l'agriculture et des zones non agricoles aussi diverses que les territoires de la France métropolitaine et d'Outre Mer. Emmanuelle Soubeyran, responsable du plan au niveau national présente un bilan des actions déjà engagées. Elle est chef du service de la prévention des risques sanitaires de la production primaire à la direction générale de l'alimentation (ministère de l'Agriculture).

 

Campagnesetenvironnement.fr : L 'objectif d'une réduction de 50 % si possible de l'usage des phytosanitaires en dix ans reste très controversé. Quel vous paraît être le niveau raisonnablement atteignable ?

Emmanuelle Soubeyran : La réduction de 50 % de l'usage des pesticides est volontairement ambitieux, d'autant plus qu'elle doit rester compatible avec le maintien des productions. Cet objectif est cohérent avec les premiers résultats de l'étude Ecophyto R&D , qui situe le possible entre 20 et 30 %. Le solde pourra être apporté par l'innovation, comme par exemple la sélection variétale. Mais cette question mérite d'être posée au moment de l'évaluation programmée à mi-parcours, sur la période 2013-2014. Évaluation qui sera conduite par un organisme tiers. Pour l'heure, nous avançons.

 

Campagnesetenvironnement.fr : Quel bilan dressez-vous du plan à ce jour ?

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Emmanuelle Soubeyran, responsable nationale pour le plan Ecophyto 2018 : “il y a aujourd'hui un vrai engagement du monde agricole. Pas moins de 140 000 agriculteurs ont été certifiés lors de la phase pilote du certiphyto.”

Je constate qu'il y a aujourd'hui un vrai engagement du monde agricole. Pas moins de 140 000 agriculteurs ont été certifiés lors de la phase pilote du certiphyto *. Les agriculteurs, et cela sans incitation financière, se sont investis dans les réseaux de fermes Dephy *. Ils y gagnent en termes de travail collectif, d'échanges, d'appui agronomique. Chacun des réseaux, qui représentent au total1 950 fermes, dispose d'un animateur à mi-temps, issu des chambres d'agriculture, de la distribution agricole, des civam *, d'organisation de producteurs… Nous venons de sélectionner dix animateurs territoriaux qui assureront des approches filières interrégionales. Les réseaux Dephy, au-delà de leur rôle de démonstration et de diffusion travaillent à l'établissement de références et de résultats sur les données agronomiques, phytosanitaires, économiques. En lien avec l'Inra, ils contribuent à objectiver le fait que l'on peut utiliser moins de phytosanitaires, sans perdre de vue un gain de revenu. 

Ces réseaux de fermes illustrent l'importance d'une gouvernance au plus près du terrain. Je suis convaincue que c'est au niveau régional que le plan prend vraiment corps. Il faut compter avec l'animateur à mi-temps qui intervient dans chacun des 1 950 réseaux de fermes Dephy, avec les 3 000 techniciens qui transmettent le lundi leurs observations au coordinateur présent dans chaque chambre d'agriculture régionale. Ce qui permet la publication dans chaque région des bulletins de santé des végétaux. S'ajoutent le pilote régional au niveau de l'administration et l'animateur, présents respectivement au sein des services régionaux de l'alimentation et des chambres régionales d'agriculture.
La mobilisation vaut bien-sûr au niveau de l'administration centrale. 
 

Les actions en cours sur 2012
Extension des observations aux effets non intentionnels des produits phytosanitaires et du réseau de surveillance des abeilles ;

Construction d'un portail d'information sur la protection intégrée

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