Jeudi 26 avril, l'ENSCI, école de design industriel invitait l'agriculture dans ses locaux lors d'une table ronde intitulée “initiatives d'urbanisme agricole”.
Le déclencheur, c'est l'exposition « Microfarm » de Damien Chivialle. Ce designer, issu de l'Ensci, a imaginé une serre posée sur un container. Pisciculture et maraîchage s'y côtoient : 60 kg de poisson + 200 kg de légumes en un an sur une place de parking. Si la surface du container (30 m² sur deux niveaux) n'est pas assez grande pour une production rentable, le concept a intéressé une jeune start up suisse « urbanfarmers », spécialisée en aquaponie et qui y a vu un moyen de communiquer sur leur technologie. Deux « microfarms » de la sorte sont déjà en fonctionnement : l'une à Zürich, l'autre à Berlin. Au passage, Damien s'interroge : le hors-sol est généralement vu de façon très négative par les citadins mais là, ce container productif présente un cycle de recyclage vertueux : les légumes sont fertilisés par l'eau des bassins piscicoles, enrichie des déjections des poissons..
A Montreuil, l'”écoguérilla” est en marche
Dans les villes, architectes, urbanistes et élus militent pour relier ville et agriculture, faisant plusieurs constats : le besoin des citadins de renouer avec leur alimentation mais aussi de retrouver un contact avec la terre, des ceintures vertes grignotées par le foncier, des agriculteurs qui perdent le fil de leurs produits…
A Montreuil-sous-Bois (93), l' « écoguerilla » est en marche : les élus lancent l'opération «on sème à Montreuil », encourageant les habitants à verdir les trous du bitumes. 40 ruches, appartenant le plus souvent à des apiculteurs professionnels, bourdonnent sur les toits ou dans les friches et des chèvres viennent chaque printemps entretenir un des parcs de la ville, celui des Beaumonts.
A Romainville, les agriculteurs montent sur les toits
Et tant qu'à faire pourquoi ne pas rendre cette nature urbaine productrice d'aliments et créatrice d'emploi ? C'est le pari de la maire de Romainville, Corinne Valls, qui envisage la rénovation de la Cité Marcel Cachin avec des serres sur les toits. Il ne s'agit pas de jardins familiaux mais de concevoir un projet rentable permettant d'installer deux agriculteurs. Il faut dire que l'histoire de Romainville et Montreuil est agricole …Jusque dans les années 50, ces villes fournissaient fruits et légumes de la capitale. Les murs à pêches et parcelles allongées que l'on peut encore y voir en témoignent…
Le cabinet d'architecte qui travaille sur ces terrasses agricoles vient de créer le « Laboratoire d'Urbanisme Agricole », une association qui rassemble des architectes, des agronomes, des agriculteurs, des sociologues… Un courant de projets semble naître et une fois n'est pas coutume, il réconcilie agriculteurs et citadins.