Agriculture durable et dimension sociale

3 janvier 2013 - La rédaction 

La loi d'avenir de l'agriculture souhaitée par le ministre Stéphane Le Foll vise à promouvoir une agriculture à double performance : économique et environnementale. Les exigences sociales qui constituent le troisième pilier de l'agriculture durable semblent aujourd'hui écartées. C'est en tout cas ce que constatent et déplorent les syndicats de salariés agricoles.

“Ne pas occulter le volet social”
Pour Eric Swartvagher, secrétaire national de la FGA-CFDT*,  « dans la réflexion sur l'agriculture de demain, on occulte aujourd'hui un pan important de l'agriculture durable à savoir le volet social. Or c'est avec des salariés mieux formés, plus qualifiés que l'on peut faire évoluer l'agriculture et produire autrement ».  Même constat pour Jocelyne Hacquemand, secrétaire fédérale de la Fnaf-CGT* : « l'abandon du pilier social n'est pas pour nous étonner. Le mot « durable » recouvre effectivement les 3 piliers : l'économie, l'environnement et le social. Toutefois, il est plus que fréquent que le social passe à la trappe. Il n'est qu'à voir les propositions de réforme de la PAC qui ignorent totalement les salariés agricoles ».

« On assiste à un abandon pur et simple du volet social en général, complète Eric Swartvagher. Ceci est d'autant plus dommageable qu'en ne reconnaissant pas les compétences des salariés, cela contribue à développer la précarité. L'Etat se décharge aujourd'hui totalement de l'aspect de la formation professionnelle. Il met en œuvre le Certiphyto notamment pour les salariés utilisateurs de produits phytopharmaceutiques mais il ne finance pas leur formation ».

“Ne pas laisser les seuls employeurs décider de l'orientation de notre agriculture”
Pour autant, les centrales syndicales ne mettent pas forcément clairement en avant des propositions pour une agriculture plus durable dans le cadre de la campagne aux prochaines élections aux chambres d'agriculture. « Les règles de représentativité pour ces élections nous poussent à aller à l'essentiel et à nous focaliser sur les revendications les plus prégnantes pour les salariés, à savoir le pouvoir d'achat ou bien encore la préservation de l'emploi, se justifie Eric Swartvagher.  Il n'en demeure pas moins que l'agriculture et l'emploi durables constituent un travail essentiel de notre centrale syndicale. Les élus qui seront demain dans les chambres d'agriculture veilleront à faire passer des messages sur des dossiers économiques et environnementaux pour ne pas laisser les seuls employeurs décider de l'orientation de notre agriculture et pour peser de tous leurs poids pour une agriculture plus écologique et plus sociale ». 

“Intégrer une amélioration sensible des conditions de vie et de travail des salariés agricoles”
Du côté de la Fnaf-CGT, Jocelyne Hacquemand  précise que « son organisation parle rarement de développement durable ou d'agriculture durable et préfère parler d'un type de développement agricole qui prenne en compte la sauvegarde des ressources naturelles, qui priorise l'indépendance et la souveraineté alimentaire du pays et l'emploi salarié et non salarié. Ainsi, la plateforme revendicative élaborée par la Fnaf-CGT dans le cadre des élections aux chambres d'agriculture expose très précisément la nécessité de développer une autre agriculture tant productive, et non productiviste, que sauvegardent les ressources naturelles mais qui doit également intégrer une amélioration sensible des conditions de vie et de travail des salariés agricoles ».

* FGA-CFDT : Fédération générale agroalimentaire de la Confédération française démocratique du travail
Fnaf-CGT : Fédération nationale agroalimentaire et forestière de la Confédération générale du travail

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