Eau-agriculture : entre débit et crédit

17 janvier 2013 - La rédaction 

La thématique de l'eau en agriculture est très souvent ramenée aux problèmes de pollution ou aux importants volumes consommés. Laurent Senet, éleveur d'un cheptel bovin dans l'Hérault et qui s'intéresse à l'eau dans sa région, favorise une approche plus large, et plus positive.

Agriculteur et élu, Laurent Senet, 41 ans exploite un cheptel bovin allaitant extensif dans l'Hérault. Ses vaches pâturent sur 1000 hectares de parcours dans la Séranne, massif bordé par la Vis et la Buège. En tant qu'éleveur et conseiller municipal de Saint-Jean-de-Buège, il s'intéresse doublement à la qualité et la quantité de l'eau de ces deux rivières. « Je suis concerné par la vie de ma région, où un grand nombre d'oléiculteurs s'apprêtent à arrêter leur activité. Ici, les terres à l'abandon sont vite envahies et très dures à reprendre ensuite. J'essaye d'encourager l'installation d'agriculteurs dans la région, et l'eau revient comme le facteur limitant ».
 

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Laurent Senet : « Et si l'agriculture, en plus de ne pas être systématiquement néfaste à l'eau environnante, pouvait parfois être bénéfique ? »

De la vallée nature à la rivière sauvage
Quand l'association « Vis, Vallée Nature » a été créée en 2010 par les conseils municipaux des communes de Rogues, Gorniès, Saint-Laurent-le-minier et Cazilhac afin de valoriser la Vis, Laurent Senet s'est intéressé au projet. Et s'est rapidement investi pour élargir cette démarche à la Buège : « nous voulions coupler les initiatives autours des deux rivières, ce qui ne s'est pas fait pour des raisons administratives », regrette-t-il, tout en notant que certaines démarches entreprises pour une rivière pourraient profiter à l'autre.

La Vis pourrait être classée rivière de première catégorie, caractérisée par la richesse de sa faune et la qualité de son eau, et recevoir le label rivière sauvage(1). « Qu'une rivière bordée d'activités agricoles soit en bonne santé et distinguée pour sa qualité, cela ne me laisse pas insensible. J'ai toujours déploré l'approche systématique du bilan d'une exploitation agricole, focalisée sur ses consommations et ses émissions nuisibles ».

Favoriser une approche positive de l'eau en agriculture
Laurent Senet voudrait en effet que le lien eau-agriculture soit moins parasité par les problèmes de pollutions, et observé à travers d'autres prismes. « Mes vaches contribuent à la régulation des couverts végétaux et empêchent le développement de friche beaucoup plus consommatrices d'eau que les pâturages… indirectement, cette action sur les végétaux améliore peut-être le bilan hydrique de mon exploitation ». En exprimant cette idée, Laurent Senet ne cherche pas à affirmer que les débits générés sont conséquents, il souhaite simplement aller dans le sens d'une approche positive de son métier. « Et si l'agriculture, en plus de ne pas être systématiquement néfaste à l'eau environnante, pouvait parfois être bénéfique ? »

(1) Ce label est en cours d'élaboration par le fonds « Rivières sauvages », fondé par WWF.

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