Basse vallée angevine, le râle des genêts aime le bio

27 août 2013 - La rédaction 

Quel est le rapport entre le râle des genêts et la conversion en élevage bio de la Ferme du Petit Pont, exploitée par Philippe Dru, éleveur-sélectionneur d'un troupeau de 80 vaches allaitantes Limousine, à Montreuil sur Loir, près d'Angers ? Philippe Dru, qui vient d'être rejoint sur l'exploitation par Benoit Bruneau, répond.
 

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Philippe Dru et Benoît Bruneau, devant une partie de leur troupeau

« Nous sommes en basse vallée angevine. En 2001, un programme a été mis en place pour préserver le râle du genêts. A l'époque, dans le cadre d'un CTE (contrat territorial d'exploitation), nous avions l'obligation de suivre des formations. Or, le formateur m'a demandé ce que je faisais là. En fait, j'étais bio avant d'être bio ! » La conversion de son exploitation en bio en 2003, condition pour entrer dans le programme de préservation de l'oiseau, n'entraîne de fait que peu de changements : utilisation du fumier sur maïs, l'achat d'une désherbineuse pour limiter l'usage des herbicides et l'utilisation de concentrés alimentaires bio.

L'arrivée de Benoit Bruneau sur l'exploitation en 2012 se traduit par une augmentation du cheptel pour passer de 55 vêlages par an à 75-80. Les veaux sous la mère sont vendus à 5 mois. Il faut vraiment tirer le maximum des 100 hectares disponibles pour assurer un stock suffisant de fourrage pour nourrir le troupeau toute l'année. Les deux éleveurs renouvellent régulièrement les variétés de fourrages sur les prairies à même de les valoriser. Avec 80 % en zone inondable, rien ne peut être laissé au hasard !

Mise à l'herbe, « c'est le Loir qui commande »

La mise à l'herbe commence avec les génisses sur les parties hautes de certaines prairies permanentes. Elle peut se faire le 10 février comme le 10 mai, selon le niveau de la rivière !
En 2000 Philippe Dru a loué deux îles sur le Loir, qui lui permettent de disposer de 20 ha de prairies supplémentaires. « Plus personne ne voulait faire passer les vaches à la nage. Sur l'une des îles, j'ai défriché le terrain et ressemé des fourragères sur 8 hectares pour assurer une bonne alimentation aux animaux. » Mais il a du renoncer à faire paître les vaches sur l'autre île. « C'est le paradis des pêcheurs. Et ils sont incapables de laisser une barrière fermée», explique-t-il. Les 12 ha lui fournissent toutefois du foin de qualité. Le passage du matériel s'effectue à la faveur des écourues, baisses volontaires du niveau de l'eau pour l'entretien des rivières.
Un seul à ne pas se soucier des aléas du climat : le râle des genêts qui a repris possession des espaces dans la région.

La vente directe pour assurer un revenu complémentaire

Benoit Bruneau a commencé un stage de parrainage sur la Ferme du Petit Pont en septembre 2011. Stage concluant puisque moins de deux ans plus tard, il est, à 29 ans, associé à 50 % dans l'EARL Dru et Bruneau. Pour assurer sur la même surface un revenu suffisant, les deux associés ont développé la vente de viande bio en circuits courts. 5 à 6 veaux et une douzaine de vaches sont vendus annuellement auprès de 230 clients. Un volume marginal. Le reste est vendu à une coopérative… « à un prix équivalent à la viande conventionnelle », regrette Philippe Dru.

 

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