« La filière bio est aujourd’hui un marché mature »

15 octobre 2013 - La rédaction 

Cécile Lepers, directrice du Synabio, Syndicat national des transformateurs de produits naturels et de culture biologique, juge qu'aujourd'hui la filière bio se consolide et œuvre à apporter encore plus de transparence au consommateur.
 

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Comment évoluent les entreprises de la filière bio ?
Nous sommes toujours dans une phase de croissance, avec un chiffre d'affaires consolidé de produits bio de 4,5 milliards d'euros. Mais ce qui est le plus marquant, c'est le fait que le secteur se structure. Le marché s'organise pour répondre à la demande des magasins spécialisés et des GMS.

Votre syndicat demande une révision de la réglementation européenne des produits bios transformés. Sur quelle base et pourquoi ?
Le Synabio demande que la réglementation impose 100 % de matières brutes d'origine agricole dans les produits bios transformés. L'obligation actuelle est de 95 %. Les autorisations ou les dérogations données jusqu'à maintenant à l'utilisation d‘ingrédients non biologiques d'origine agricole dans la préparation des produits transformés ne se justifient plus. Nous sommes en capacité de disposer de tous les ingrédients agricoles bios nécessaires. En portant cette revendication, le Synabio veut faire preuve de transparence envers le consommateur et montrer que la filière s'organise et que le marché est mature.

La filière biologique bénéficie de soutiens importants de la part des pouvoirs publics. Est-ce suffisant ?
Certes, les aides existent, mais les aménités apportées par la bio ne sont pas suffisamment prises en compte pour permettre d'avoir des prix équivalents à ceux des filières traditionnelles. Pour y parvenir, il faudrait véritablement appliquer le principe de pollueur-payeur de telle sorte que les prix des produits conventionnels intègrent les coûts de dépollution due à l'utilisation des engrais ou des pesticides de synthèse.
Si l'impulsion politique pour promouvoir la bio est réelle, les efforts financiers restent modérés. Pour accroître le marché, cela passera avant tout par le choix du consommateur à privilégier des produits biologiques de qualité, locaux et bons pour la santé.
Pour que le consommateur ait une information plus juste, nous demandons que le décret relatif à l'étiquetage des denrées alimentaires sans OGM soit revu et qu'il soit possible de l'afficher sur les produits bios transformés, mono ou multi-ingrédients. Cela est d'autant plus nécessaire pour rassurer les consommateurs de produits sensibles, comme le soja, le maïs ou le riz.

Quelle est votre position concernant l'affichage environnemental des produits ?
Cet affichage est une très mauvaise idée. S'il peut convenir pour certains objets manufacturés, il ne l'est absolument pas pour les produits alimentaires. En effet, l'outil utilisé des ACV, analyses de cycle de vie, en est encore à l'état de recherche appliquée. La méthodologie n'est pas encore consolidée, et elle ne le sera peut-être jamais pour les produits agricoles et nous sommes loin d'avoir des bases de données suffisamment fiables et complètes. Si l'ACV fait évoluer la réflexion et les pratiques environnementales des entreprises, elle ne peut être prise en compte pour servir de fondement à un affichage environnemental. Les données sont encore trop variables et fluctuantes.

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