Regards – La réglementation stimule-t-elle l’action ?

2 septembre 2013 - La rédaction 

La contrainte réglementaire est-elle le seul moyen d'encourager les acteurs à se mobiliser ? Différents acteurs répondent à cette question.
 

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L'avis de Bayer – Marie-Claire Grosjean-Cournoyer, directrice des affaires scientifiques de Bayer CropScience
En tant que société innovante de protection des cultures, nous appréhendons les besoins de demain pour élaborer des solutions conciliant performances  économiques et environnementales pour  l'agriculteur. L'anticipation de la réglementation est donc souvent la règle : le Phytobac a ainsi été proposé en 2002, bien avant la législation de 2006 sur la gestion des effluents de phytosanitaires. De même, depuis plus de dix ans, nos plateformes expérimentales sur la gestion responsable des  herbicides nous permettent de proposer des itinéraires techniques associant l'agronomie et la  chimie afin d'optimiser leur utilisation et de prévenir le développement des résistances. Si une réglementation bien dosée peut stimuler l'innovation, une réglementation trop brutale supprimant trop rapidement les solutions peut être génératrice d'impasses techniques : par exemple la réduction drastique des  produits disponibles en cultures légumières est particulièrement préoccupante pour la production française. Rappelons que le pas de temps de la R&D est long : une dizaine d'années est nécessaire  pour mettre au point une nouvelle solution.
 

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Daphné Le Lay, chef de projet régional Écophyto à la Draaf de Bourgogne
En retirant des molécules phytosanitaires du marché, les pouvoirs publics visent une réaction immédiate des agriculteurs, pour un changement radical des pratiques. Avec le plan Écophyto, la logique est toute autre. Là, la réglementation se veut plus souple pour une prise de conscience  progressive des enjeux et ainsi l'obtention de résultats fiables et durables, à moyen terme. Pour l'heure, seule la détention du Certiphyto est obligatoire : une obligation qui n'est d'ailleurs plus perçue comme telle tant les retours des agriculteurs qui suivent ces formations sont positifs. Ils comprennent ainsi mieux comment et pourquoi modifier leurs pratiques pour préserver l'environnement et leur santé. En parallèle, des actions incitatives – fermes Dephy, Bulletins de santé du Végétal –sont mises en place pour accompagner ces changements et ainsi anticiper les réglementations à venir. Alliée à la pédagogie, la réglementation permet réellement de faire évoluer les comportements de tous. 

 

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Katia Sabatier, productrice de semences et arboricultrice, présidente de la coopérative Lorifruit (26)
Nous sommes engagés dans une démarche GlobalGap pour les productions arboricoles. Tous les adhérents ont deux ans pour entrer dans cette démarche. Leur cahier des charges reprend en grande partie les obligations réglementaires, qui nous obligent à aller plus vite. Mais la vraie stimulation pour un producteur, c'est de tenter de s'adapter tout en maintenant sa capacité à produire. Ce n'est pas simple. Si la réglementation oriente l'action, le marché et la reconnaissance des consommateurs  la  stimulent. La réglementation  peut même être un frein, lorsque certains produits sont supprimés et  que nous n'avons pas d'alternatives. Les règles sont par ailleurs diversement respectées en Europe.  Quant aux pays tiers, ils ne répondent pas aux mêmes exigences. Concernant les résidus de pesticides dans les fruits, nous sommes réellement en avance en France. La grande distribution et les consommateurs commencent à le reconnaître. 

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