La luzerne pour réduire les émissions de GES

Les vaches laitières nourries avec de la luzerne enrubannée émettent 10 % de méthane entérique en moins que celles nourries avec un ensilage d'herbe. C'est la conclusion d'une étude menée par la ferme expérimentale d'AgroParisTech pour Coop de France déshydratation et dont les résultats ont été dévoilés le 1er avril.

Méthane et lutte contre le réchauffement climatique
En 2011, le secteur agricole serait à l'origine de 76 % des émissions de méthane* (CH4) en France, l'un des gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique. En cause, les fermentations anaérobies du tube digestif des animaux d'élevage. Une situation préoccupante puisque le CH4 possède un pouvoir réchauffant 21 fois plus élevé que le CO2. « Si on veut avoir un impact rapide sur l'effet de serre, il faut agir plutôt sur le méthane que sur le CO2 », explique Dominique Tristant, directeur de la ferme expérimentale d'AgroParisTech et chargé de l'étude.

Dominique Tristant, directeur de la ferme expérimentale d'AgroParisTech, présente le système utilisé pour mesurer les émissions de méthane chez les 12 bovins étudiés.

Dans ce contexte, les producteurs de luzerne ont souhaité connaitre l'effet de ce fourrage sur les émissions de méthane des ruminants. « L'intérêt c'est de trouver un équilibre dans l'alimentation des animaux pour conserver une production laitière en quantité et de qualité tout en limitant les émissions de CH4 » ajoute Dominique Tristant.
De janvier à mai 2013, deux lots de six vaches laitières ont été nourries avec des rations contenant de l'enrubannage de luzerne pour les unes, de l'ensilage de graminées pour les autres. Émissions de méthane mais aussi production et qualité laitière ainsi que l'évolution des poids vifs ont été mesurés sur les 12 animaux.

51 000 tonnes de méthane évitées
Les résultats montrent que l'enrubannage de luzerne a permis de réduire sensiblement les émissions de CH4 passant de 450 grammes par vache et par jour avec les graminées à 418 gr par vache et par jour pour la luzerne. Une baisse significative de 7 % des émissions (10 % si on la rapporte à la quantité de lait produit qui s'avère supérieur avec la luzerne) qui apporte une preuve supplémentaire de l'effet positif de la luzerne sur l'environnement. « La luzerne possède de nombreuses aménités environnementales, explique Eric Guillemot président de Coop de France déshydratation. C'est une plante qui ne nécessite pas d'engrais azotés, un seul traitement pesticide, et qui préserve la biodiversité. ». Si les 3,5 millions de vaches laitières françaises étaient nourries avec de la luzerne, l'émission de « 51 000 tonnes de méthane seraient évitée », conclut Dominique Tristant, un chiffre à mettre en perspective avec les 1 456 000 tonnes de méthane entérique émises en France, tous ruminants confondus.
 

* D'après le rapport Secten 2013