Eau, air, biodiversité : l’impact de l’agriculture nuancé

22 avril 2014 - La rédaction 

Le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a publié 17 avril, le troisième volet de sa « Controverse documentée à propos de quelques idées reçues sur l'agriculture, l'alimentation et la forêt », et s'intéresse cette fois à l'affirmation selon laquelle « les agriculteurs portent atteinte à l'environnement. »

L'impact de l'agriculture sur l'eau, que ce soit d'un point de vue quantitatif ou qualitatif est souvent décrié. Néanmoins, selon le CGAAER, si l'irrigation des cultures françaises requière un milliard de mètres cube d'eau, ce n'est qu'une faible proportion des 476 milliards de mètres cube que reçoit chaque année la France sous forme de précipitation. Bien sûr, l'agriculture fait face à « des difficultés plus locales et saisonnières », et le réchauffement climatique pourrait aggraver la situation. « Mais nous disposons globalement de marges de manœuvre importantes » : stockage des écoulements (dans les bassins les plus sollicités, seul 2,5% des écoulements sont stockés), cultures résistantes à la sécheresse, pratiques économes en eau…

Agriculture et qualité de l'eau
Concernant la qualité des eaux, « les pollutions par les engrais et les pesticides sont une réalité. » La réduction de ces pollutions est un enjeu environnemental, certes, mais également économique. « Les stations de traitement doivent faire face à des coûts de dépollution importants » pour traiter les 4 milliards de mètres cubes d'eau potable distribués annuellement en France. Toutefois, des signes positifs sont déjà observables : depuis 20 ans, les utilisations d'azote minéral ont diminué de 24% tandis que la présence de phosphate dans les cours d'eau diminue de 10 % par an. Les « améliorations sont plus lentes pour les pesticides », souligne le CGAAER.

Agriculture réchauffement climatique
Les pollutions agricoles dans l'air proviennent des émissions d'ammoniac (effluents d'élevage pour 75 % et engrais azotés ammoniacaux), précurseur de particules fines, et des pesticides pulvérisés. Un « phénomène encore mal documenté et peu réglementé », considère le CGAAER. Les émissions agricoles directes de gaz à effet de serre représenteraient 13,5% des émissions planétaires totales selon le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et seraient en augmentation depuis plusieurs années. Mais l'agriculture avec la forêt jouent aussi un rôle primordial dans le stockage du carbone, précise le CGAAER. « Les prairies, par exemple, qui représentent 70 % des terres agricoles dans le monde, stockent 30 % du carbone du sol ». Cela étant, en France, la balance reste défavorable.

Agriculture et biodiversité
Autre idée reçue : « les agriculteurs portent atteinte aux paysages et à la biodiversité. » Pour le CGAAER, c'était « parfois exact hier, moins aujourd'hui. » Mécanisation et remembrement (destruction des haies, bosquets…), monocultures et utilisation excessive de produits phytosanitaires ont fortement impacté la biodiversité. La population des papillons de prairie, par exemple, à chuté de 30 % en 20 ans. Une dégradation qui pourrait nuire aux performances économiques agricoles : impact sur la pollinisation, sur les mécanismes de bio-contrôle… Pour le CGAAER, les nouvelles dynamiques politiques tendent à inverser cette tendance et des indicateurs permettent d'ores et déjà de mesurer ce « verdissement » : 12 000 kilomètres de haies ont été subventionnés en 2012, l'agriculture biologique a progressé de 350 000 hectares à 1 million d'hectares entre 2000 et 2012.

Si « on  ne  peut  pas  nier  aujourd'hui  que  certaines  pratiques  agricoles  ont  porté  atteinte à l'environnement, […] l'évolution  des  pratiques  qui  est  engagée ainsi que les nouvelles dynamiques politiques,  de  recherche  et  de  développement  conduiront à rendre de moins en moins fondée l'idée reçue de l'agriculture destructrice de l'environnement », conclut le CGAAER.

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